Saviez-vous que l’équivalent d’un camion de poubelle de vêtements est brûlé ou envoyé à la décharge toutes les secondes? C’est l’un des faits saillants que soulève la fondation Ellen MacArthur dans un rapport édifiant sur l’industrie du textile (en anglais). On y apprend également que l’industrie des textiles est responsable de l’émission de 1,2 milliard de tonnes d’équivalents CO2, soit plus que le secteur de l’aviation internationale et du transport maritime réunis. De plus, ce secteur utilise 98 millions de tonnes de matières non renouvelables — dont du pétrole, des engrais et produits chimiques — et 93 milliards de mètres cubes d’eau par an pour sa production. Selon le rapport de la fondation Ellen McArthur, si la tendance actuelle se poursuit, les impacts négatifs de l’industrie seront potentiellement catastrophiques. D’ici 2050, elle pourrait être responsable de plus de 26 % du bilan carbone, ce qui contribuerait à une augmentation de la température de 2 °C. Pourtant pour mettre fin au court cycle de vie de nos vêtements, des alternatives simples à l’achat de vêtements existent : réparation, entretien, upcycling, ou encore location. Explorez les différentes options qui s’offrent à vous.

Prolonger la durée de vie de ses vêtements

Entretenir ses vêtements

Laver ses vêtements correctement, c’est la première étape pour prolonger leurs durées de vie. Mais pour y parvenir, encore faut-il être capable de déchiffrer les informations présentes sur ces fameuses étiquettes qui ne sont pas uniquement là pour nous gratter ! Pour tout savoir de ces petits pictogrammes, on vous suggère fortement de consulter le document réalisé par Protégez-vous. Température de l’eau, cycle de lavage, blanchiment, séchage, et repassage, tout y est expliqué. Il ne vous reste plus qu’à vous informer sur les différents programmes de votre laveuse.

L’autre habitude à prendre consiste à laver mieux et vraiment moins souvent nos vêtements. En plus de conduire à une usure plus rapide des fibres des vêtements, les lavages à répétition sont extrêmement dommageables pour l’environnement. Ils nécessitent une grande quantité d’eau propre à la consommation qui, après le lavage, est polluée par les détergents contenus dans la lessive et par les particules de plastiques qui s’échappent des vêtements synthétiques. Une pollution qui finit malheureusement dans nos cours d’eau et océans. Alors, plutôt que de mettre un vêtement au lavage, en cas de tache on nettoie uniquement la zone tachée et, en cas d’odeur, on utilise un déodorant maison pour tissu. Pour le lavage, on privilégie une lessive écologique et on remplace l’adoucissant par du bicarbonate de soude ou du vinaigre. Et finalement, pour éviter le rejet de microplastiques dans l’eau, on peut utiliser un sac de lavage comme Guppyfriend.

Réparer ses vêtements

Trous, bouton manquant, couture légèrement décousue, tache qui ne part pas au lavage… tout cela ne doit pas vous décourager de garder vos vêtements préférés. Bien souvent, quelques points de couture suffisent à leur redonner leur éclat d’antan. Depuis quelques temps déjà, les tutoriels de couture fleurissent en ligne, et vous ne manquerez pas d’exemples pour apprendre à effectuer des réparations mineures. Et si une réparation nécessite plus de matériels et de connaissances techniques, plusieurs options s’offrent à vous : réparations par des voisins via les réseaux d’entraide comme l’Accorderie ou Proxigen, ateliers de couture et/ou de réparation avec La Fabrique Éthique, ou Les Affûtés, et finalement, les services de réparation. Tous les moyens sont bons quand il s’agit de réparation !

Favoriser la récupération et le réemploi

Selon RECYC-QUÉBEC, ce sont plus de 95 000 tonnes de déchets textiles qui sont mis à la poubelle chaque année par les ménages québécois, soit 12 kg de vêtements par personne. Pour détourner ces vêtements de l’enfouissement, le réemploi — via l’échange, le don et l’achat en friperie — est la solution à privilégier.

Favoriser les centres de dons

Avec leur double mission de réinsertion sociale et de réemploi de nombreux biens, les centres de dons comme Renaissance ou l’Armée du Salut détournent chaque année des sites d’enfouissements plusieurs milliers de tonnes de vêtements et de biens ménagers. On vous encourage donc à les soutenir autant par l’achat que par le don. Si aucun centre de dons ne se trouve proche de votre domicile, renseignez-vous sur les friperies et autres organismes de charité qui pourraient être intéressés à récupérer vos dons dans votre région ou contactez votre municipalité pour connaître les points de dépôt ou services de récupération disponibles.

Bien choisir sa cloche à vêtements

Il vous est sûrement déjà arrivé de constater l’apparition d’un nouveau collecteur extérieur ou cloche à vêtements, vous invitant à donner généreusement les vêtements que vous ne voulez plus. S’il est évidemment important de donner ses vêtements pour les détourner de l’enfouissement, il est tout aussi important de savoir à qui nous les donnons. C’est un fait encore peu connu, mais certaines cloches à vêtements sont installées par des organisations extérieures à la région, avec pour conséquence l’accaparement de ressources locales, ce qui contribue à la diminution de biens dans les centres de dons québécois. Lors de vos prochains dons de vêtements, ouvrez l’œil et assurez-vous que l’organisme en charge de la récupération se situe au Québec.

Louer ses vêtements

Pour celles et ceux qui apprécient de renouveler leur garde-robe fréquemment, les abonnements de location de vêtements à long terme offrent une alternative intéressante à l’achat. En plus de nous permettre d’essayer de nouveaux styles, l’achat de nos pièces coup de cœur est possible. La location occasionnelle peut, quant à elle, répondre aux besoins de vêtements qui évoluent dans le temps comme les vêtements pour enfants ; ou encore ceux nécessaires lors d’occasions uniques : bals de fin d’étude, mariage, soirée de gala. 

Acheter moins, acheter mieux

Malgré les solutions offertes ci-dessus, plusieurs d’entre nous ressentiront le besoin d’acheter de nouveaux vêtements. Lorsque ce sera le cas, tournez-vous vers des vêtements écologiques. Fabriqués à partir de vêtements recyclés, de retailles de tissus, ou de fibres naturelles biologiques, ces vêtements sont réalisés dans une optique de « mode lente » en réponse aux problèmes créés par la mode éphémère. Afin de vous aider dans vos recherches, Ville en vert met à disposition sur son site un carnet d’adresses de créateurs de vêtements écologiques et éthiques réalisés au Québec. Quant à nous, on vous suggère de consulter notre fiche d’information sur les fibres textiles à privilégier pour une véritable mode durable.