En cuisine, rien ne se perd, tout se mange…ou presque! Pesto de fanes de carotte, sirop de queues de fraises, croustille de pelures de légumes, les possibilités sont infinies! Vous n’êtes pas habitués à utiliser ces parties des fruits et légumes? Vous n’êtes pas les seuls! C’est une habitude à prendre et beaucoup de réflexes à développer, en plus d’apprendre à bien planifier les repas de la semaine, si ce n’est pas déjà maîtrisé, et savoir comment conserver les aliments que l’on a chez soi. On ne peut pas tout apprendre, tout de suite, et tout faire tout le temps. Si ce sont des pratiques qui ne vous sont pas familières, mieux vaut y aller une étape à la fois, afin de ne pas vous sentir submergés, et ainsi prendre le temps d’en faire une habitude à long terme.

Repenser à la maison

Il existe des tonnes de livres, de créateurs culinaires et de blogues pour nous aider à choisir une recette à cuisiner. Bien que beaucoup d’entre eux maîtrisent les techniques de conservation des aliments chez eux, il est plutôt rare de voir dans les instructions, par exemple, la phrase suivante : « Lavez le céleri que vous venez d’acheter pour la recette, coupez la branche dont nous avons besoin pour le potage, et préparez le reste en crudité, parce que c’est presque certain que vous allez le perdre dans votre frigo, avant de l’avoir utilisé au complet dans d’autres recettes ! » À moins d’être au niveau pro dans la planification des repas, il nous arrive souvent de ne pas avoir pensé à planifier plusieurs recettes qui utilisent les mêmes ingrédients. De plus, on a l’habitude de vouloir manger des repas variés et de diversifier les ingrédients que l’on mange au cours de la semaine.

Afin de réduire le plus possible le gaspillage alimentaire à la maison, il faut bien maîtriser ces trois aspects :

  • Bien planifier nos repas;

  • Mieux conserver les aliments que l’on achète ou récolte;

  • Utiliser le plus possible chaque partie des aliments que l’on a.

Planification

Se rendre à l’épicerie, le ventre vide, sans liste d’achats en main, c’est augmenter le risque d’acheter beaucoup d’aliments que l’on ne cuisinera pas. Soit parce qu’ils sont déjà cuisinés, donc transformés et très emballés, soit parce que l’on a mal planifié et que l’on va finir par les gaspiller. La solution, c’est de planifier nos repas. En faisant d’abord l’inventaire des aliments que l’on a et qui doivent être consommés dans les prochains jours, on commence déjà à réfléchir aux recettes que l’on pourra préparer avec ceux-ci.

Il faut ensuite choisir toutes les recettes que l’on prévoit préparer. Puis, dresser la liste des ingrédients à acheter. Simple? Pas toujours! Si cette méthode ne fait pas partie de nos habitudes, c’est probablement une étape qui nous semble laborieuse. Il faut donc y aller doucement.

Commencez par planifier un repas avec les restes que vous devez manger rapidement, et ajoutez à votre liste d’épicerie ce qu’il manque pour le compléter. Choisissez ensuite les repas que vous avez envie de préparer le reste de la semaine, en ayant en tête votre emploi du temps, pour prévoir des repas plus simples les soirées où vous êtes plus occupés. Pensez à prévoir une quantité suffisante pour pouvoir vous préparer des lunchs, en mangeant les restes de la veille les midis suivants. Notez tout ce dont vous aurez besoin sur une liste, et une fois à l’épicerie, tentez de ne pas en déroger. Il sera plus facile de le faire si vous n’avez pas le ventre vide ! Mangez donc un peu (de vos restes?) avant d’y aller!

Si chaque semaine vous débutez votre liste en vérifiant vos restes à passer pour un seul repas, vous développerez rapidement cette habitude. Pratiquez cet exercice durant 1 mois et vous deviendrez expert en la matière! Cette pratique deviendra rapidement un réflexe qui vous permettra de réduire le gaspillage, et votre facture d’épicerie!

Conservation

Les AmiEs de la Terre de Québec nous partagent une panoplie de trucs pour réduire le gaspillage alimentaire au quotidien dans leur livre Sauve ta bouffe, ainsi que sur leur site sauvetabouffe.org. Saviez-vous qu’il suffit de submerger les tiges de céleri ramollies dans l’eau durant quelques heures dans un contenant fermé pour qu’elles redeviennent croustillantes ? C’est ce genre d’information que vous trouverez dans ce livre.

Le site J’aime manger, pas gaspiller comprend un index de conservation des aliments frais. On y trouve les meilleures méthodes de conservation des aliments, comment leur donner plus de fraîcheur lorsqu’ils sont ramollis, des trucs pour les utiliser dans son entièreté ainsi que des recettes simples pour les cuisiner. On y propose aussi un truc pour utiliser les restes de céleris! Il faut le hacher et le faire revenir avec les oignons et les carottes, lorsque l’on prépare une soupe ou un potage.

Dans son livre Mieux conserver ses aliments pour moins gaspiller, Anne-Marie Desbiens, la Foodie Scientifique, démystifie la durée de vie des aliments, d’un point de vue scientifique vulgarisé et illustré. De l’utilité de la date de péremption au placement optimal dans le frigo, tout y est expliqué. On y apprend notamment que le céleri a une durée de vie d’une à deux semaines au réfrigérateur, dans un emballage légèrement aéré, dans un linge sec. Il est à noter que les emballages proposés dans ce livre ne sont pas nécessairement zéro déchet. Cependant, il est toujours possible de substituer un emballage à usage unique par un produit réutilisable, que vous avez souvent déjà chez vous.

Utilisation

Que faire avec ces restes que l’on ne sait plus comment apprêter? En leur donnant une deuxième vie! Florence-Léa Siry en a fait le sujet de son livre, 1, 2, 3 vies – recettes zéro gaspi. Pour chaque aliment, elle y propose une idée de recette en première vie, et ensuite, avec les restes, une seconde recette (2e vie) puis finalement une 3e recette pour la 3e vie. Il est fort possible que votre réflexe de tout rescaper ne se développe pas en une semaine.

Il faut se pratiquer, réussir de bons coups, avoir des ratés, et ne pas se mettre trop de pression pour tout maîtriser d’un coup. C’est en se pratiquant que l’on devient maître!

Dans son livre Faire plus avec moins, Vicky Payeur propose de faire notre épicerie dans notre garde-manger et réfrigérateur, une fois par mois. En plus de nous faire faire des économies pour la semaine, cela nous permet d’utiliser des aliments qui auraient probablement fini par être gaspillés. Pour vous inspirer, et trouver comment utiliser ces aliments qui doivent être consommés, vous pouvez vous inspirer des techniques et canevas de recettes qui sont proposés par Florence-Léa Siry, dans son livre Défis zéro gaspi.

Vous pouvez trouver ces livres à la bibliothèque, les feuilleter et les essayer pour voir s’ils vous conviennent. Cependant, attention, en cuisinant, de ne pas laisser d’échantillons de vos plats dans les livres qui ne vous appartiennent pas! Mieux vaut avoir son propre exemplaire si l’on veut être plus libre sur le plan de travail du comptoir de cuisine.

Pour mettre en pratique ces techniques, choisissez un aliment qui traîne dans votre frigo et qui risque d’être gaspillé. Faites une recherche dans les différents outils proposés ou dans vos livres de recettes préférés, évaluez vos options et mettez-les en pratique! N’essayez pas de tout rescaper, tout de suite. Donnez-vous le temps de vous habituer à cette façon de faire. Partagez-nous vos réussites! Mais aussi vos flops! La bonne gestion des aliments périssables est certes un défi, et c’est avec de la pratique et de la persévérance que nous arriverons à moins gaspiller.

Repenser la production et la distribution

Nous avons vu des trucs et astuces pour réduire le gaspillage alimentaire à la maison, voyons maintenant comment nous pouvons contribuer à réduire le gaspillage alimentaire avant que les aliments entrent chez nous.

Le glanage solidaire

Les producteurs ne sont pas en reste pour les pertes de leurs récoltes. Parce qu’ils sont soit trop ou pas assez mûrs, qu’ils n’ont pas la taille requise pour les machineries ou pour les standards de la vente, ou parce qu’ils sont en surplus, des fruits et des légumes restent aux champs, après que les récoltes sont terminées. Les aliments laissés derrière sont propres à la consommation, et des groupes bénévoles s’organisent pour les récolter!

La récolte est divisée en trois parts égales. L’une est distribuée aux bénévoles qui récoltent, l’autre est donnée au producteur, puis la troisième est donnée à des organismes communautaires. L’organisme le Jour de la Terre a créé une liste des organismes de glanage au Québec.

Ce n’est pas qu’en région agricole que vous pouvez y participer, il y a Les fruits défendus à Montréal, qui récolte les arbres fruitiers urbains. Pommes, cerises, poires, amélanche, raisins, groseilles… Les choix ne manquent pas! À cette période de l’année, il est trop tard pour les récoltes, mais vous pouvez contacter les organismes de votre région et vous abonner à leurs infolettres pour recevoir un rappel lorsque la belle saison sera de retour, ou mettez-vous simplement un rappel dans votre calendrier!

La récupération des invendus

L’OBNL La Transformerie, qui récupère les invendus des commerces de son quartier pour transformer les fruits invendus en tartinades et en sauces, redistribue les 2/3 de ce qu’elle récupère à des organismes locaux. Les denrées qui ne sont pas utilisées pour produire les Rescapés, sont récupérées et distribuées aux organismes, qui ainsi bénéficient des moyens financiers et logistiques dont La Transformerie dispose, qui sont nécessaires au transport et à la conservation des aliments, jusqu’au moment où ils sont prêts à les distribuer à leurs membres.

Plusieurs applications nous permettent de récupérer les aliments qui sont à la limite d’être périmés dans les supermarchés, épiceries, cafés et restaurants. Il faut télécharger les applications et activer les notifications, afin d’être avisé lorsqu’il y a des produits disponibles près de chez nous. Citons notamment FlashfoodFoodHeroToo Good To Go et Sauvegarde.

Et après tous ces efforts de réduction du gaspillage alimentaire, lorsque la nourriture n’est plus propre à la consommation, nous pouvons la composter. Cependant, le compostage, c’est comme du recyclage : le mieux c’est d’éviter de produire une matière résiduelle. Mieux vaut compoter que composter, comme nous l’expliquait Jean-François Breau durant la SQRD 2019! 

Le gaspillage alimentaire en chiffres *

  • Chaque année, 1,2M de tonne d’aliments comestibles est perdu ou gaspillé. 28% de ces pertes ont lieu dans les ménages ;

  • 18% des émissions de gaz à effet de serre (GES) associées au système bioalimentaire québécois sont liées aux aliments perdus ou gaspillés ;

  • Les fruits et légumes sont davantage perdus ou gaspillés, mais ce sont la viande et la volaille qui ont le plus d’impacts en termes de GES ;

  • De ce 1,2M de tonnes d’aliments comestibles perdus ou gaspillés, 47% vont à l’enfouissement, 23% sont compostés ;

  • Des parties non comestibles des aliments, qui représentent 1,9M de tonnes, 27% vont à l’enfouissement. C’est 25% qui sont réemployés, dans l’alimentation animale, et 19% qui sont compostés.

*Source : RECYC-QUÉBEC  (2022)