Avec notre mode de consommation actuel, nous avons de plus en plus de mal à distinguer nos besoins de nos désirs. Il est tentant d’en vouloir toujours plus. Nous sommes submergés par les produits que le marché nous propose à tel point qu’il peut paraître raisonnable de penser que chaque nouvelle acquisition constitue un besoin.Notre surconsommation est à l’origine de nombreux dégâts environnementaux et sociaux. Il est urgent d’agir et de revoir nos priorités afin d’adopter un mode de vie plus équilibré et de réduire les conséquences de notre façon de consommer.
Prenons-nous le temps de réfléchir à notre rapport à la consommation ?
Selon Le Robert, un besoin se définit comme « une exigence pour l’être humain ou l’animal, provenant de la nature ou de la vie sociale » tandis qu’un désir est « une tendance qui porte à vouloir obtenir un objet connu ou imaginé ». Bien que les désirs ne soient pas une exigence, ils paraissent tout à fait normaux pour un être humain. C’est plutôt notre excès de désirs qui pose problème. Ces envies croissantes proviennent souvent de facteurs externes. Nous sommes envahis par la publicité, par les réseaux sociaux, les nouveautés sur le marché. Face à tout cela, nous sommes toujours à la quête de nouveaux produits qui nous semblent satisfaire un besoin réel. On se lasse souvent facilement des biens que nous possédons. La satisfaction que procure un bien matériel est souvent éphémère surtout s’il s’agit d’un achat non réfléchi[1].
Notre activité sur internet peut aussi nous plonger dans la surconsommation. Il vous est peut-être arrivé de vous procurer un produit parce que quelqu’un en a fait la promotion sur les réseaux sociaux. Le monde de l’influence sur internet incite considérablement à la surconsommation. Un nouveau produit nous est toujours présenté avec souvent un code promotionnel pour encourager l’achat. Les marques ont trouvé une nouvelle façon de nous faire dépenser autre que la publicité classique.
Le commerce en ligne constitue aussi un autre facteur. Il peut paraître très pratique de pouvoir acheter n’importe quand, en étant confortablement installé chez soi et en ayant accès à la liste de tous les produits d’un site de vente. Avec l’achat en ligne, on n’est plus limité par les heures d’ouverture des magasins physiques. Combien sommes-nous à effectuer des achats compulsifs sur des sites de vente, pas par besoin, mais parce que nous sommes attirés par les bas prix, par l’envie de tester un nouveau produit mais aussi par la rapidité et par la facilité du service de livraison? Certains d’entre nous ne prennent plus le temps d’aller en magasin même pour faire l’achat de produits essentiels.
Cette surconsommation est directement liée à la surproduction[2] qui a de lourds impacts environnementaux et sociaux. Un bilan des impacts de notre surconsommation pourrait être nécessaire pour nous inciter à avoir un déclic et changer notre comportement.
Avons-nous pensé aux impacts de notre surconsommation ?
Avons-nous pensé aux impacts de notre surconsommation ?
Dans notre société de consommation, la recherche de profit et la satisfaction des désirs éphémères sont priorisées au détriment de la justice sociale et de la conservation de l’environnement. Notre consommation excessive demande un besoin croissant en ressources. L’économie québécoise consomme en moyenne 271,1 millions de tonnes de ressources chaque année[3]. La raison d’être des producteurs est l’augmentation de leur profit et la satisfaction des désirs des consommateurs. Le fait d’atteindre cet objectif peut se faire au détriment de certaines considérations environnementales et sociales. Les ressources naturelles sont surexploitées pour satisfaire nos désirs éphémères.
Nos produits sont pour la plupart conçus très loin de nos frontières, dans des pays où les conditions de travail sont souvent précaires et accompagnées de faibles salaires. On devrait s’étonner de voir des produits qui viennent de l’autre bout du monde et qui sont affichés pourtant à des prix abordables malgré les frais liés au transport. Derrière ce prix, se cache souvent une main-d’œuvre surexploitée. À cela s’ajoutent les quantités importantes de gaz à effet de serre (GES) générées par le transport de la marchandise d’un pays à l’autre.
Pour sauver leur image auprès des consommateurs, certaines marques se réfugient dans l’écoblanchiment (greenwashing) en insinuant de manière malhonnête que leur produit est écologiquement responsable. Elles nous font part de certaines informations sur la conception des produits, les matières utilisées ou encore les lieux de fabrication. Cependant, il est difficile d’accéder à une totale transparence de la part des producteurs, surtout lorsque les biens vendus passent par de nombreuses étapes de production décentralisées. Quel que soit le mode de conception des produits, la surproduction constitue toujours un problème.
Avec la consommation excessive, la durée de vie des produits est de plus en plus réduite. On voit donc une obsolescence psychologique ou esthétique, qui est notamment influencée par la publicité[4]. La majorité des produits issus de la surproduction sont de moins bonne qualité. Ils deviennent rapidement un déchet, ce qui constitue un réel enjeu dans la gestion des matières résiduelles. Au rythme auquel nous consommons, il n’est pas étonnant de voir la quantité importante de déchets que nous générons. Il est important de se poser les bonnes questions sur notre rapport au matériel pour trouver des solutions afin d’être plus raisonnable dans notre façon de consommer.
Que pouvons-nous faire pour sortir des pièges de la surconsommation ?
Que pouvons-nous faire pour sortir des pièges de la surconsommation ?
La surconsommation peut paraître comme une dépendance. Il faut manifester une certaine volonté et une détermination pour s’en éloigner. On pourrait commencer par prendre le temps de nous poser pour faire une distinction entre nos besoins réels et nos désirs. Il faudrait travailler sur les facteurs qui font accroître nos désirs sans cesse. Comme le désir est humain, on peut en avoir parfois. Ce qu’il faudrait, c’est de réfléchir à la manière la plus durable de satisfaire les quelques désirs qu’on peut avoir occasionnellement. Voici quelques solutions que vous pouvez mettre en place pour éviter de se laisser tenter par des habitudes de surconsommation.
Prenons le temps d’apprécier ce qui nous entoure ; il peut s’agir des objets que nous possédons déjà, des activités de loisirs que nous avons la possibilité de faire, des interactions sociales. Cela nous permettrait en quelque sorte de sortir un peu la tête de l’eau, d’apprécier des choses simples pour nous détacher un peu du monde matériel. Finalement, d’apprendre à désirer ce que l’on possède déjà.
Même s’il peut paraître difficile d’échapper à la publicité sur internet, on peut agir en faisant un tri des comptes que nous suivons sur les réseaux sociaux. Il faut, dans la limite du possible, éviter les infolettres des commerces en ligne, car leur objectif est de nous inciter à l’achat.
Lors d’un achat, portons notre choix sur des produits plus durables afin de les garder aussi longtemps que possible. Par exemple, il est plus judicieux d’investir sur des produits qui ont traversé le temps mais qui restent toujours fonctionnels, comme les objets que l’on retrouve en seconde main.
Lorsque l’envie nous prend, il est sage de se questionner. Est-ce qu’on a réellement besoin de ce produit? Est-ce qu’on va l’utiliser aussi souvent? Quel est notre ressenti si on ne se procure pas ce bien? Qu’est-ce que l’acquisition de ce bien va changer dans notre quotidien ? Pouvons-nous attendre un certain temps avant de l’acheter et voir si nous voulons encore l’avoir? En repoussant au maximum le délai entre la première impression de désirer un objet et l’acte de consommation, on favorise l’achat de biens pour lesquels on a un réel désir plutôt que la consommation de biens qui sont faciles à désirer en raison de leur disponibilité. Si on achète un bien que l’on n’avait pas prévu acheter parce qu’il est en spécial, mais qu’on ne l’aurait pas acheté autrement, c’est qu’on désire la poussée d’adrénaline qui vient avec le fait de réaliser une économie, plus que le bien lui-même. Privilégier le partage, la réparation ou la réutilisation peut nous aider à réduire notre consommation.
Nous pouvons tous agir à notre niveau pour changer la tendance. En tant que consommateurs, nous sommes responsables de nos choix et nous ne devons en aucun cas minimiser notre pouvoir ou essayer de nous déresponsabiliser de la situation. Comme le disait l’écosociologue Laure Waridel, « Acheter, c’est voter ». Même si l’on reconnait que la publicité a une influence sur nos comportements d’achat[5], nous avons le pouvoir de dire non à la surconsommation. Pour cela, il faut redéfinir nos réels besoins et adopter des pratiques qui nous permettent d’y échapper.
[1] Roster, C. A., & Richins, M. L. (2009). Ambivalence and attitudes in consumer replacement decisions. Journal of Consumer Psychology, 19(1), 48–61.
[2] Production qui excède les besoins des consommateurs.
[3] Circle economy et RECYC-QUÉBEC, « Rapport de l’indice de circularité de l’économie ».
[4] Pour une description des différents types d’obsolescence, consultez Équiterre.
[5] Une étude de Masse Critique parue en 2022 note une augmentation de 16% de la production des GES par ménages québécois qui aurait été attribuée à la publicité, par rapport à 2020.