On ne se le cachera pas, éviter les emballages demande un effort plus grand que de tout acheter emballé ou suremballé. Comment faire pour transformer ce qui semble être une corvée, en une habitude que l’on aime adopter? En réfléchissant bien aux raisons qui nous poussent à agir ainsi! Pourquoi voulons-nous réduire les emballages des produits que l’on consomme?

Vos réponses peuvent varier : réduire notre empreinte écologique, détourner des emballages des centres d’enfouissement et centres de tri, laisser une planète en bonne santé aux générations futures… ou ne pas avoir à sortir un bac de récupération archi plein à la fin de la semaine ! C’est ce qu’il faut se rappeler lorsque l’on se questionne sur les raisons pourquoi on traine un sac avec nous pour aller se promener tout l’après-midi.

Beaucoup d’emballages sont faits d’un mélange de plusieurs matières différentes, ce qui rend leur recyclage plus difficile. Même s’il est indiqué sur l’emballage en question qu’il est recyclable, il n’est jamais précisé où ni comment. Par exemple, certaines villes acceptent les emballages faits de plastique numéro 6 (polystyrène). L’information indiquée sur l’emballage n’est pas fausse, mais elle rarement applicable dans la majorité des villes du Québec.

À quoi servent les emballages ?

Les emballages servent à protéger les aliments et à prolonger leur durée de vie. Une banane et une orange ont déjà une protection avec leur pelure, nul besoin de les emballer pour les conserver de façon optimale (la banane emballée va murir beaucoup plus vite!). En revanche, si vous laissez une laitue sans emballage sur votre comptoir, ou dans le réfrigérateur, elle sera flétrie très rapidement! Cependant, est-ce que la laitue doit être emballée dans un plastique à usage unique ?

Dans son livre Mieux conserver ses aliments pour moins gaspiller, Anne-Marie Desbiens, la Foodie Scientifique nous explique quels sont les différents ennemis des aliments, qui font en sorte qu’ils se gâtent, une fois rendus dans nos cuisines. Certains aliments survivent mieux dans un contenant, au réfrigérateur et d’autres sur le comptoir, dans de l’eau. Les emballages sont donc souvent nécessaires, mais ils n’ont pas à être à usage unique! Consultez notre journée thématique sur le gaspillage alimentaire pour en connaître davantage sur la conservation optimale des aliments.

Se préparer avant de sortir de chez soi

On trouve de plus en plus de commerces d’aliments vendus en vrac partout au Québec, où l’on peut apporter nos propres contenants afin d’éviter des emballages à usage unique. De plus en plus de grandes chaines d’épicerie acceptent que l’on utilise nos contenants réutilisables pour les comptoirs de fromagerie, charcuterie et poissonnerie, de même que des commerces en alimentation qui nous permettent de prendre nos plats pour emporter dans nos contenants réutilisables. Il suffit de le leur demander pour savoir s’ils le permettent.

La loi interdisant la vente des emballages de plastiques à usage unique au Canada entrera en vigueur le 20 décembre 2023, sauf pour les anneaux pour emballages de boissons et les pailles, qui seront interdits en juin 2024. Nous n’avons pas encore les détails concernant les types d’emballages à usage unique qui seront acceptés lorsque la loi sera en vigueur. Il n’y a, à ce jour, aucune règlementation sur les types de produits compostables qui peuvent être vendus. Il faudra, d’ici là, rester vigilants.

On peut déjà mettre en place de bonnes habitudes. Cela demande un peu de planification, et un peu d’espace dans notre sac que l’on utilise pour nos déplacements. Il y a bien sûr le classique : la bouteille d’eau réutilisable. Si vous trouvez votre eau trop chaude l’été, vous pouvez utiliser une bouteille thermos, comme celle que vous utilisez pour le café. Comme elle garde votre café chaud, elle vous permettra de vous désaltérer avec de l’eau bien froide en été! Si vous n’en avez pas, pensez à aller dans les commerces d’occasions, il est presque certain que vous pourrez en trouver une. Si vous avez l’habitude d’acheter des plats pour emporter et manger sur le pouce, mieux vaut avoir des ustensiles et serviettes de table réutilisables avec vous. Vous pouvez également vous préparer des collations pour emporter, comme des noix ou des fruits. Il arrive souvent que nos sorties soient plus longues que prévu. Avoir une collation vous fera éviter des emballages, et vous fera économiser du même coup!

À quoi ressemble un sac prêt pour éviter les emballages pour manger sur le pouce lors des sorties ?

Vous pouvez commencer par ajouter une gourde réutilisable. Des ustensiles réutilisables accompagnés d’une serviette lavable. Un sac à collation (pour une viennoiserie, un sandwich, etc.), un sac assez grand pour ramener vos emplettes, et si vous avez de l’espace, un contenant pour un repas. Il existe, bien sûr, une panoplie d’offres de produits surnommés « zéro déchets ». Cependant, vous avez probablement déjà tout ce qu’il vous faut chez vous! Il est donc inutile d’acheter de nouveaux produits pour constituer votre kit. Préparez-le avec ce que vous possédez déjà, et si vous avez besoin de nouveaux éléments, visitez les magasins d’occasions, vous pourrez facilement trouver des ustensiles et gourdes de toute sorte.

À quoi ressemble une armoire de produits en vrac?

Vous pourriez jouer à « trouver l’erreur » en regardant cette image. En effet, elle comprend certains aliments emballés dans des contenants à usage unique. Non, c’est n’est pas une erreur, c’est la vie! Repenser notre façon de s’approvisionner ne veut pas dire « être parfait, ou ne rien faire du tout »! Vous pouvez parier également qu’il y a au moins trois bocaux en verre dans cette armoire qui sont remplis d’aliments achetés dans des emballages à usage unique! Et un garde-manger qui comprend le reste des aliments, tous dans leur emballage d’origine de l’épicerie!

L’écoblanchiment dans l’emballage compostable

Les plats pour emporter sont habituellement servis dans des contenants à usage unique. Ceux-ci sont fabriqués de divers matériaux : Plastique recyclable, PLA compostable, carton plastifié compostable, carton compostable, bambou, etc. Lorsque l’on voit un plastique où il est indiqué « 100% compostable PLA 7 » est-il réellement compostable?  La réponse varie, selon la ville où l’on dispose de ces matières au Québec. Il n’y a pas de directive unique pour tous les centres de compostage. Il est donc difficile d’affirmer qu’un emballage est 100% compostable, peu importe où il est vendu.

Le processus de compostage dure environ 20 jours dans les centres de compostage par biométhanisation au Québec. Les plastiques dits compostables prennent plus de temps que cela à se composter. De plus, ils contaminent le produit final des centres de compostage qui distribue leur compost voué à devenir de l’engrais pour l’agriculture.

Substituer des emballages à usage unique en plastique par d’autres types d’emballages à usage unique qui pourraient être compostés ne règle pas le problème de l’extraction de la matière pour créer ces emballages. En effet, celle-ci requiert l’utilisation d’eau pour la fabrication et génère du CO2 dans leur transport, en plus de toutes les matières utilisées dans leur fabrication. Continuer à utiliser des emballages à usage unique cultive l’illusion que nous faisons attention à notre empreinte écologique, quand dans les faits, il est possible que ces emballages se retrouvent tout de même au centre d’enfouissement. Les centres de compostage ne sont pas des centres de tri. Ils n’ont pas la mission de trier les matières, ce qui fait en sorte que les rejets, qui ne sont pas compostables, se retrouvent au centre d’enfouissement.

Selon Aurore Courieux-Boinot, conseillère en gestion de matières résiduelles et économie circulaire à la coopérative Incita, il faut choisir des articles réutilisables, mais lorsque cela est impossible, nous devons privilégier les fibres, telles que les cartons, puisque celles-ci peuvent plus facilement être compostées dans les différents sites de compostage.