Le petit monde de l’éco famille

Notre premier arrêt à la découverte de l’Éco sapiens : l’éco famille. La notion d’éco famille ne s’applique pas seulement aux familles composées en totalité d’Éco sapiens. Dès qu’un Éco sapiens existe au sein d’une famille, il y a de fortes chances qu’il exerce une influence sur les autres membres du foyer. C’est cette dynamique qui provoque le changement et la mutation vers un mode de vie différent et c’est aussi ce qui caractérise l’éco famille. Essayons de mieux comprendre l’évolution de cette dynamique et de définir les éléments qui peuvent agir comme comme freins ou comme accélérateur dans cette transition qui touche chaque membre de la cellule de façon distincte et non homogène. Posons-nous aujourd’hui les questions suivantes :

  • Comment aborder les enjeux environnementaux en famille ?

  • Est-ce qu’un mode de vie durable peut être vu comme une menace à la stabilité (le connu versus l’inconnu) par les autres membres de la famille ? Comment l’éviter ?

  • Quelle est notre responsabilité face à nos enfants ? Que veut-on leur léguer ?

  • L’enseignement à nos enfants les prépare-t-il aux bouleversements environnementaux et sociaux qui sont à venir ?

  • Quelles valeurs devraient être remises au cœur de l’enseignement dans les écoles ?

Influencer sans forcer

L’influence de l’Éco sapiens peut être accueillie de différentes façons par les autres membres de sa famille : certains l’accueilleront avec intérêt et curiosité, et d’autres seront réfractaires, voire fermés à toute tentative de changement. Des frictions pourraient donc survenir au sein de la famille, et l’Éco sapiens aura le fardeau de moduler son ascendance s’il veut maintenir l’intégrité de la cellule. En dosant bien ses efforts de sensibilisation, l’Éco sapiens pourrait avoir plus de succès qu’en imposant trop rapidement ses valeurs et ses convictions. Mais cet équilibre parfois difficile à atteindre, pourrait aussi représenter une source de frustration continuelle pour l’éco sapiens qui se sent mal entendu ou mal compris !

La transition écologique des membres d’une même famille est très intime à chacun et se fait habituellement à des rythmes différents, ce qui peut causer des confrontations. L’exemple du végétarisme est peut-être le plus évident. Pour plusieurs, consommer de la viande (tuer un animal pour se nourrir) cause un inconfort insoutenable. L’instant où cette personne annoncera à sa famille qu’elle refuse d’encourager cette tradition et qu’elle souhaite être respectée dans ce choix peut être vécu difficilement de part et d’autre. Ce geste peut être vu comme une dissociation volontaire des us et coutumes établis par l’ensemble et comme une menace à la cohésion du groupe. Voilà pourquoi il importe d’y aller graduellement et de respecter la légitimité des choix de chacun, le point de vue et les convictions des autres. Sans empêcher les débats ou les discussions, cette attitude pourrait appeler à une plus grande ouverture dans les échanges sur la question.

La personne qui refuse par exemple de manger de la viande doit accepter que le reste de la famille ait le droit de continuer d’agir selon ses habitudes. Elle doit également comprendre que les autres membres de la famille pourraient se sentir jugés de manger de la viande en sa présence, provoquant des mécanismes de défense plus ou moins violents.

Les autres membres de la famille doivent de leur côté également accepter que cette personne mange peut-être un repas différent, et ne doivent pas le prendre personnel.

Le même cas de figure peut se présenter à propos de différents sujets : les vacances et voyages, l’achat de voitures et de véhicules récréatifs à moteur, la surconsommation, les cadeaux de Noël, etc.

Comment éviter la confrontation et inspirer le changement?

Faire preuve de respect, de patience et choisir le bon timing! Les conversations qui se déroulent lors des soupers de famille, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne sont pas nécessairement des lieux et des moments privilégiés pour discuter de transition écologique. Souvent, cela se passe beaucoup mieux en tête à tête ou lors d’un moment propice. Critiquer les choix de son frère durant un souper de famille ou ceux d’un coloc lors d’un party entre amis pourrait créer des malaises et mettre l’autre sur la défensive. Quiconque se sent cerné ou piégé par un sujet qu’il ne maîtrise pas aura davantage tendance à affirmer haut et fort son point de vue au risque de devenir ou intransigeant. En tête à tête, il pourrait faire preuve de beaucoup plus d’ouverture! Choisir le bon moment et la bonne ambiance peut faire toute la différence.

Aussi, pourquoi ne pas partir sur des prémisses amusantes en initiant des jeux ou des défis comme ceux que proposent l’application Projet Z de la SQRD ?

L’habitude ainsi instaurée pourrait amener l’autre à se faire sa propre idée, à son rythme, de la transition écologique et des motifs qui pourraient la rendre nécessaire et incontournable. Chacun doit pouvoir trouver l’argument propre à ses valeurs avant de décider d’agir et de consommer autrement. (nous ne sommes pas des moutons de Panurge!)

Si vous souhaitiez, en tant qu’Éco sapiens, convaincre vos pairs d’adhérer à des gestes plus éco responsables, commencez petit à petit – et lorsqu’ils seront prêts – à leur faire des demandes spéciales et positives, ou à leur lancer des défis! Utilisez le Code Z. Exemple :

  • « Voudriez-vous qu’on se donne des cadeaux différents à Noël? Du temps partagé ou tout autre cadeau non éphémère. Je serais très heureux que tu donnes à mon fils ou à ma fille un souvenir d’un moment passé avec toi, qu’il n’oubliera jamais »;

  • « À Noël, j’aimerais vous faire essayer une entrée ou un repas végétarien que j’aime bien! J’ai envie de vous surprendre »;

  • « Cet été, essayons de compenser tous les gaz à effet de serre de nos déplacements de vacances et invitons nos amis à en faire autant » (tant qu’à partager nos vacances, partageons de saines habitudes pour l’environnement).

Sensibilisation passive : une solution saine pour tout le monde!

Tenter de sensibiliser activement le reste de la famille aux enjeux sociaux et environnementaux peut être épuisant et confrontant. Parfois il peut être sage d’arrêter cette sensibilisation directe, et tenter plutôt de sensibiliser de façon passive. En vivant pleinement sa transition écologique hors de la famille, l’Éco sapiens peut diminuer sa frustration et s’épanouir plus facilement, plus rapidement. En le voyant s’émanciper dans le bonheur de cette façon, sa famille aura une vision beaucoup plus positive du changement, et pourrait l’accepter plus facilement.

L’image que nous reflétons à nos enfants

Le changement est une chose difficile pour chacun d’entre nous. Que nous le voulions ou non, nos enfants devront vivre dans un monde très différent du nôtre. Ce monde différent sera forgé par notre capacité ou notre incapacité à changer :

  • En choisissant de maintenir notre mode de vie actuel, nous forçons nos enfants à vivre dans un avenir où ils devront s’adapter aux changements climatiques. Mais parfois nos enfants, au contact d’autres influences à l’école ou ailleurs, peuvent nous indiquer la voie de changements qu’ils estimeront bénéfiques pour leur avenir. Il est de notre devoir d’être à l’écoute de leurs attentes également;

  • En décidant d’adopter un rythme de vie et une société plus respectueux de l’environnement, nous faisons le choix de créer le changement et de guider nos enfants pour qu’ils puissent s’épanouir dans un avenir plus durable.

Aussi difficile que cela puisse être, il est de notre responsabilité d’habituer nos enfants à un mode de vie plus modéré. Nous devons aussi accepter d’être influencés par eux à adopter des habitudes plus éco responsables. Questionner nos modes de consommation, de voyage et de déplacements est à la base de ce cheminement. Nous devons également réévaluer continuellement notre rapport à la communauté et au travail, car être Éco sapiens c’est aussi évoluer dans le vivre ensemble.

On ne se le cachera pas, ces réflexions peuvent être difficiles, voire angoissantes. Voyons-le comme une opportunité de revoir notre mode de vie, d’évoluer vers autre chose, et impliquons nos enfants dans nos questionnements et dans nos changements.

Enseigner aux nouvelles générations

L’enseignement public et privé de nos enfants est guidé par nos valeurs de société : nous souhaitons éduquer les enfants pour en faire de bons travailleurs, pour guider notre société vers une économie prospère. Mais cet enseignement répond-il à la réalité à laquelle feront face nos enfants ?

Pour ménager les ressources de la planète, il semble que les générations futures devront vivre plus en phase avec l’environnement. Leur relation à la consommation, à l’argent et au travail pourrait être très différente de la nôtre. Il est donc primordial d’ajuster l’enseignement de nos enfants pour non seulement les préparer à ces nouveaux paradigmes, mais aussi pour les aider à s’approprier et à perpétuer la transition socio-écologique. Aidons nos enfants pour qu’ILS nous aident à changer!

Encourageons nos enfants à apprendre des métiers qui favoriseront la transition écologique (recherche, développement et techniques en énergies renouvelables, urbanisme durable, agriculture durable, etc.). La transition écologique est un projet de société, qui implique la coopération, l’empathie, l’équité et la bienveillance, des valeurs qu’il est bon de transmettre à nos enfants. Ces valeurs pourraient les aider à apprivoiser le changement, à mieux l’accepter, à renoncer dans certaines circonstances au luxe ou au confort personnel pour privilégier le bien-être de la collectivité, sans compromettre leur bonheur, bien au contraire!

Certains enseignants, dès la petite école, s’efforcent déjà d’intégrer des activités de sensibilisation à l’environnement et à la consommation responsable dans leur programme! D’être soutenu par les parents et la famille élargie dans cette démarche pourrait avoir une incidence nettement positive sur les résultats. Par exemple, plusieurs classes reçoivent une formation sur les enjeux environnementaux offerte par Carbone Scol’ERE. Également, dans le cadre de la Semaine québécoise de réduction des déchets, des dizaines de classes ont participé à notre concours Sur les traces de l’Éco sapiens qui avait pour objectif de faire réfléchir les élèves sur ce que leur évoque la protection de l’environnement. On vous invite à visiter la galerie de ces œuvres créées par ces jeunes Québécoises et Québécois et d’en discuter avec vos enfants. Questionnez-les sur leur vision d’eux-mêmes et de leur rôle dans un monde où la menace des changements climatiques est de plus en plus concrète et visible. Leurs réponses pourraient être votre meilleur argument pour amorcer une transition vers un mode vie Éco sapiens!

La transition : une opportunité

Le changement est terrifiant. Il est d’autant plus angoissant lorsque nous avons de la difficulté à identifier clairement les motifs raisonnables qui le commandent. Difficile en effet de renoncer à quelque chose qui nous semble positif!

Pourtant, qui dit transition dit évolution vers un autre état des choses. Chaque mise à jour de nos habitudes nous offre l’opportunité de corriger plusieurs aspects de notre rythme de vie actuel. Notre mode de vie rapide, effréné et centré sur le travail et la performance n’est peut-être plus le modèle parfait pour notre accomplissement. Pourtant nous acceptons d’emblée que cette pression nous épuise, et qu’elle nous éloigne de notre véritable nature, de notre santé physique, de notre bien-être psychologique, de notre aspiration à être tout simplement heureux. Ce n’est peut-être pas le cas de tous, mais c’est la réalité de plusieurs.

La transition vers un mode de vie moins axé sur la consommation peut donc être une opportunité de reconnecter avec nous même, mais aussi avec l’ensemble des êtres humains et de l’environnement qui nous entourent. Dans notre version 2.1 de nous-mêmes, acceptons d’être, au cœur de nos familles, des acteurs de changement et des ambassadeurs du mieux-vivre en soi et chez soi!