Représenter et inspirer l’Éco sapiens

L’Éco artiste a un rôle central dans l’éveil de l’Éco sapiens. Tout comme l’Éco citoyen qui ne se limite pas à un ensemble de gestes individuels de consommation responsable, l’Éco artiste a la possibilité d’agir beaucoup plus profondément dans la transition écologique grâce aux messages qu’il peut transmettre. L’Éco artiste s’inscrit également dans l’Éco culture : la représentation de notre façon de vivre actuelle et de nos enjeux. De ce fait, il partage le même rôle que d’autres Éco sapiens qui essaient de comprendre et représenter la société, tels que les sociologues, les journalistes, les essayistes, les influenceurs, etc.

Que vous participiez à la représentation de la culture de façon professionnelle ou amateur, posons-nous ensemble les questions qui suivent pour mieux comprendre l’important rôle que vous pouvez jouer dans l’Éco culture :

  • Est-ce que l’artiste à une responsabilité dans le message qu’il communique ?

  • Qu’est-ce qui est le plus important : le message d’une œuvre, ou sa diffusion ?

  • Au-delà de son art, l’artiste est-il un influenceur ?

Est-ce que l’artiste à une responsabilité dans le message qu’il communique ?

Grâce à sa capacité de représenter les émotions et les préoccupations de ses concitoyens, l’artiste participe activement à la démocratisation des enjeux de société. L’Éco artiste est le miroir de la société et réussi à donner la parole à des groupes d’individus incapables de se faire entendre autrement. Il réussit à graver la réalité d’aujourd’hui dans des œuvres indélébiles, qui pourront aider les générations futures à mieux comprendre nos enjeux, nos choix, nos réussites et nos échecs.

L’environnement n’étant pas l’unique préoccupation de l’homme moderne ni même de l’Éco sapiens, l’artiste a toute la liberté de traiter ou non d’environnement. Il n’a donc aucune obligation de traiter d’écologie et de notre relation à celle-ci, mais il a assurément une opportunité, soit celle de donner une voix à tous les Éco sapiens qui peinent à se faire entendre par la société et les décideurs publics.

Si l’artiste en tant que tel n’a pas nécessairement de responsabilité, les milieux artistique, culturel et médiatique, eux, ont la responsabilité de donner une place et de la visibilité à l’Éco artiste. En nous assurant de permettre à l’Éco artiste de s’exprimer dans les médias, dans les théâtres, dans les festivals ou dans les musées, nous favorisons leur émergence. Il en va de même pour les gouvernements : soutenir l’industrie artistique et culturelle et la place de l’Éco artiste dans cette industrie.

De la même façon, nous, Éco sapiens, devons alimenter l’Éco artiste. En verbalisant nos enjeux et nos craintes en matière d’environnement, en partageant nos histoires et nos aspirations en tant d’Éco sapiens, nous donnons de la matière aux Éco artistes pour qu’ils puissent nous représenter.

Qu’est-ce qui est le plus important : le message d’une œuvre, ou sa diffusion ?

En tant que consommateurs d’art et de culture, nous n’avons pas tous la même sensibilité pour comprendre et absorber les messages que souhaitent partager les artistes. Pour beaucoup d’entre nous, l’habillage d’une œuvre, ses symboles sont parfois plus parlants, consciemment ou non, que son message. Que le message d’une œuvre traite d’environnement ou non, sa diffusion peut favoriser une prise de conscience ou l’adoption de gestes de réduction. Par exemple :

  • Faire des festivals des événements écoresponsables : proposer des repas végétaliens, favoriser les verres, contenants et emballages réutilisables ou consignés sur le site, éviter la pyrotechnie, offrir une bonne accessibilité en transport en commun et actif, proposer des îlots de tri des matières résiduelles, etc.

  • Faire place à l’Éco sapiens dans les télé-réalités : les téléréalités prennent une place prépondérante dans notre culture. Faire place à des personnalités écosapiennes positives dans ces émissions peut avoir un poids de sensibilisation très important. Pensons à Jessie et PH qui ont réussi à démocratiser le végétarisme grâce à leur passage à Occupation double. Ces émissions peuvent également proposer des cadres et des activités en phase avec l’environnement : favoriser des destinations locales, limiter l’usage de véhicules à moteur à essence, proposer des repas sans viande, limiter les cadeaux physiques, etc.

  • Donner une place passive (ou active) aux gestes écoresponsables au petit et au grand écran : sans mettre l’emphase sur ces gestes, le simple fait de faire participer les personnages à des efforts écologiques peut faire beaucoup de chemin dans l’imaginaire collectif. En intégrant le vrac dans la cuisine, le compostage, les voitures électriques, le transport actif et en commun, les voyages locaux ou même la participation à la politique publique, les œuvres télévisuelles peuvent démocratiser l’écocitoyenneté;

  • La compensation des gaz à effet de serre d’une œuvre : que ce soit lors d’un tournage ou dans le cadre d’une tournée, l’art et la culture génèrent des gaz à effet de serre. Compenser les déplacements des artistes, des techniciens et des spectateurs est un geste fort qui peut introduire le public à cette idée;

  • Choisir des partenaires et des publicités écoresponsables : plusieurs diffuseurs d’art sont financés par la publicité. Ces médias doivent s’assurer de s’associer à des entreprises et organisations qui sont en phase avec nos valeurs environnementales collectives. Encore aujourd’hui, les annonces de constructeurs automobiles dominent les espaces publicitaires. Pour favoriser une transition vers des publicités plus écoresponsables, le gouvernement doit appuyer le financement des diffuseurs médiatiques et artistiques.

L’art d’influencer

Les médias sociaux et traditionnels regorgent d’influenceurs artistiques, politiques, scientifiques et autres qui ont un accès à un auditoire de masse. Que ce soit par la photo, la vidéo ou l’écrit, ces influenceurs rejoignent leurs publics au travers de messages où tout est contrôlé. Les consommateurs de ce type de contenu absorbent des centaines d’informations par jour, et se font une représentation du monde en fonction de ce qu’ils y voient.

L’influenceur a donc une responsabilité très importante sur l’imaginaire collectif. Que ce soit par le message qu’il souhaite passer ou les accessoires qu’il utilise, l’influenceur a la possibilité de populariser des gestes d’écoconsommation et d’écocitoyenneté. Inversement, il a également la responsabilité de cesser d’encourager des gestes néfastes à l’environnement, notamment le recours aux produits et emballages à usage unique, l’autosolo, la mode éphémère, etc.

Comme les influenceurs, plusieurs artistes et sportifs profitent des réseaux sociaux et d’une connexion directe avec des centaines de milliers, voire des millions, de personnes. Certains d’entre eux utilisent les médias sociaux et traditionnels non seulement pour partager leurs messages artistiques, mais également pour partager leurs opinions sur des enjeux de société. Encore une fois, ces personnalités ont une responsabilité énorme, et une opportunité formidable d’encourager la population et même les décideurs publics à vivre et consommer dans le respect de l’environnement.