Les enfants grandissent vite, les modes changent (parfois plusieurs fois par saison), les petits électroménagers brisent et de nouveaux téléphones sortent chaque année. Alors, on achète et rachète ce dont on a besoin et aussi ce dont on n’a pas besoin, mais qu’on a envie d’avoir.

On peut réduire notre consommation en réévaluant nos besoins et on peut, en même temps, trouver des façons plus écologiques de consommer en adoptant le réemploi. Ce mode de consommation est de plus en plus accessible à tous, avec les friperies et ressourceries qui s’installent un peu partout, avec les applications de revente en ligne, et avec le nombre grandissant d’initiatives d’échange et de trocs.

Sans devoir absolument tout changer dans vos habitudes, il est possible de mettre en place certaines pratiques qui pourront vous aider à vous initier aux achats d’items d’occasion.  

Changer sa façon de magasiner

Si vous avez l’habitude d’effectuer des recherches en ligne pour acheter un item, essayez d’abord de le trouver sur des applications de revente d’occasion, comme Facebook Marketplace. Certains commerces de vêtements d’occasion mettent également leur inventaire disponible en ligne. C’est le cas de la friperie de vêtements pour enfants Et patati et patata, situé à Montréal. La boutique propose même la livraison!

Achetez un item neuf nous permet souvent d’avoir l’embarras du choix en termes de taille et de couleur. Sélectionner un item similaire dans le marché de l’occasion n’offre pas ce même choix. C’est pourquoi il faut s’y prendre d’avance lorsqu’on a besoin de quelque chose, surtout si c’est un item saisonnier ou un cadeau à offrir à une date précise.

Dans son livre « Rien de neuf », Marie-Michèle Larivée nous encourage à dresser une liste des items que l’on veut se procurer d’une manière alternative soit d’occasion, par emprunt, par don, par location, etc.

Cette façon de faire permet non seulement de sonder votre entourage pour savoir qui pourrait vous faire des dons ou des prêts, mais aussi de planifier ce dont vous aurez besoin à court et moyen terme. Ainsi, lorsque vous irez dans un commerce d’occasion, vous serez préparé·es et saurez exactement quoi chercher.

Se lancer un défi

Prendre l’habitude de consommer ainsi ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut de la pratique pour que cela devienne plus naturel et même amusant. Afin de présenter des trucs pratiques, nous avons discuté avec Mélodie Le Siège, qui pratique un mode de vie zéro déchet depuis six ans. Mélodie a décidé d’adopter une approche un peu plus radicale afin de prendre conscience de son niveau de consommation et de s’aider à changer ses habitudes.

Mélodie Le Siège

Melodie Le Siège est une professionnelle en communication stratégique et une passionnée du mode de vie durable. Elle est une talentueuse chef spécialisée en cuisine à base de plantes et pratique un mode de vie zéro déchet depuis six ans.

Après avoir vu un documentaire sur le gaspillage du plastique, Mélodie, a eu un déclic. C’est alors qu’elle a décidé de se lancer un défi zéro déchet d’une durée d’un mois, durant le mois de janvier et de décembre de la même année. Ces mois n’étaient pas choisis au hasard; elle voyageait en début d’année et voulait apprendre à se déplacer sans générer de déchets. Bien que son défi zéro déchet de décembre ait été son deuxième de l’année, il ne fut pas pour autant plus facile, puisqu’il avait lieu en décembre, près des fêtes de Noël. Elle s’est ajouté un défi supplémentaire : sensibiliser les membres de sa famille afin de ne pas recevoir de « déchets » à gérer. Tout devait rentrer dans un petit pot Masson!

Se simplifier la tâche dans les recherches

Depuis qu’elle ait fait ces défis zéro déchet en 2017, Mélodie continue de se renseigner sur les meilleures pratiques écoresponsables. Elle a donc recours aux achats et aux échanges de vêtements de seconde main. Quel est son meilleur truc pour se faciliter la tâche pour les achats de vêtements pour sa fille ? « Il faut trouver des parents qui habitent dans votre quartier et qui ont un enfant un ou 2 ans plus âgé que votre enfant ». À chaque changement de saison, elle peut leur acheter, en lot, les vêtements qui ne lui font plus. En plus d’être plus économique, cela lui évite de devoir effectuer plusieurs recherches et d’avoir à se déplacer souvent.

Elle complète la garde-robe de sa fille avec quelques jolis morceaux qu’elle aime, en se les procurant dans des friperies. Elle nous rappelle qu’il faut en profiter quand les enfants sont petits, puisque les vêtements ne leur font pas longtemps et qu’on doit renouveler la garde-robe assez souvent. Les vêtements sont donc très peu usés avant que les petits apprennent à marcher. Ça se complique un peu pour les pantalons lorsqu’ils se mettent à se déplacer sur deux pattes!

Changer notre état d’esprit

Lorsque l’on entame une démarche de changements vers un mode de vie plus durable, on se rend vite compte qu’il est difficile de savoir avec conviction quel est le bon choix à faire lorsque l’on a un nouveau besoin. C’est pourquoi Mélodie trouve qu’il est difficile de prodiguer des conseils aux autres ; est-ce qu’il est mieux d’acheter local? Biologique? De seconde main?

Selon elle, il est plus important de mettre l’accent sur notre état d’esprit en s’assurant que l’on sera heureux de porter chaque achat que l’on fait, peu importe le matériau ou le vêtement. Elle croit aussi qu’il faut aussi prioriser les vêtements polyvalents qui peuvent être portés au travail ou durant des sorties tout en étant adaptés à notre mode de vie à la maison.  

Un processus de transformation

Mélodie a aussi réussi à réduire ses achats impulsifs. Mais ce fut un processus qui lui a pris 4 ans à maîtriser. C’est en se renseignant le plus possible sur le poids de nos décisions qu’elle croit que l’on réussit à continuer à agir en fonction de nos convictions.

Devant l’aspect progressif du changement opéré par Mélodie, on peut se demander comment elle a fait pour rester motivée à adopter un mode de vie plus durable. Devant une telle interrogation, elle explique qu’il faut se rappeler les raisons pour lesquelles on a entamé notre démarche. C’est en pensant à la prochaine génération que Mélodie reste motivée. Comme elle travaille avec des jeunes, elle constate qu’ils sont souvent à l’avant-garde en matière de durabilité.

Elle conseille aussi de réfléchir au montant d’argent que l’on peut économiser! Si l’aspect écologique ne suffit pas à vous motiver, pensez aux économies que ce mode de vie pourra vous apporter. Selon ses calculs, un mode de vie zéro déchet peut vous faire économiser entre 1000$ et 2000$ par année. (sans inclure l’épicerie dans ses calculs). À titre d’exemple, les couches lavables vous feront économiser 1600$, à condition d’investir entre 600$ et 1000$ en produits lavables la première année. Si vous avez un 2e enfant, les investissements de départs seront moindres en réutilisant ce que vous avez déjà. En utilisant des produits d’hygiène féminins lavables, vous pourrez économiser 100$ par année. De plus, plusieurs municipalités au Québec offrent des subventions pour l’achat des produits d’hygiène féminins. Pris autrement, faire des choix écologiques pour être en phase avec nos valeurs n’a pas besoin d’être plus dispendieux.

« Vous n’avez pas besoin d’avoir une démarche parfaite. Il est surtout important de comprendre les impacts de nos choix. Et ces choix deviendront de plus en plus faciles à faire. »

Mélodie Le Siège

Un dernier conseil si vous cherchez à vous lancer dans une aventure zéro déchet et à prioriser le réemploi : évitez de vous équiper en produits zéro déchet neufs. Utilisez plutôt les produits et les contenants que vous avez déjà chez vous. Lorsque vous atteignez les limites de ce que vous avez en votre possession, pensez à visiter les friperies et ressourceries pour vos besoins futurs. Bref, apprendre à réemployer, ça commence aussi dans la façon dont on…réemploie!