Les produits que nous consommons au quotidien sont très souvent suremballés. L’industrie ne se limite plus à l’emballage nécessaire pour protéger le produit. Le suremballage est devenu très populaire. Pourquoi nous propose-t-on tous ces emballages inutiles? Le suremballage dans le secteur alimentaire concerne toute la chaîne d’approvisionnement : la production, la transformation, la distribution, le commerce de détail et la consommation. Il s’agit, la plupart du temps, d’emballages à usage unique qui deviennent rapidement des quantités importantes de déchets. En tant que consommateur, le choix de produits alimentaires non suremballés pourrait constituer notre réponse à l’industrie pour démontrer notre engagement envers la réduction des déchets à la source.

Pensons-nous aux impacts de notre consommation?

Il nous arrive d’acquérir certains biens matériels non pas en raison d’un besoin, mais parce que nous sommes plongés dans la surconsommation. La publicité et l’envie de toujours posséder un produit nouveau nous conduisent à des achats non raisonnés.

Ce comportement a bien des conséquences économiques, environnementales et sociales. La surconsommation nous incite à effectuer des dépenses qui dépassent notre budget, nous menant parfois à des difficultés financières[1].

La conception d’un produit nécessite l’extraction de ressources. La surproduction accélère considérablement l’épuisement des ressources. Même si on parle maintenant, de produits conçus à partir de matières recyclées, l’information sur la composition du produit n’est souvent pas totalement transparente et le recyclage comporte également ses zones d’ombre. En effet, seulement 47 % des matières recyclables générées dans le secteur résidentiel ont été acheminées à des fins de recyclage, selon le bilan de RECYC-QUÉBEC de 2021. La quantité de déchets qui découle de la surconsommation devrait nous alerter et nous encourager à agir en consommant moins, mais mieux.

Comment devrions-nous agir?

Réparation

Réparer nos produits permet de rallonger leur durée de vie. Un objet qui a traversé des années peut conduire à un attachement émotionnel pour le possesseur et peut également procurer un certain sentiment de satisfaction quand ce dernier se rend compte qu’il a pris soin de son bien, qu’il l’a réparé au lieu de le jeter.

Bien choisir son produit au moment de l’achat peut aider à en faciliter la réparation lorsque le besoin se présentera. Opter pour des produits durables et de bonne qualité peut aider à les garder aussi longtemps que possible. Un bien qui coûte la moitié du prix de tous les autres modèles similaires sera possiblement moins durable. Il faut faire attention à ce genre de détail. On peut vérifier si les pièces de remplacement et instructions de réparation sont facilement accessibles. Prendre connaissance de la garantie du fabricant au moment de l’achat permettrait de savoir à l’avance comment procéder pour faire réparer son produit à l’avenir.

Dans le cas des vêtements, il est possible d’apprendre des notions de base en couture qui nous permettront de réparer un trou dans un pantalon au lieu de s’en lasser et de le remplacer par un nouveau.

Vous avez également la possibilité de profiter des ateliers de réparation comme ceux des Repair Café à différents endroits au Québec et ailleurs. On pensera notamment aux Affûtés et à La Remise à Montréal ou à La Patente à Québec, pour apprendre à réparer des objets afin de les garder aussi longtemps que possible.

Partage

Une autre alternative à l’achat de produits neufs est le partage entre particuliers. De plus en plus d’initiatives citoyennes se créent pour développer cette pratique. Il existe des groupes Facebook et des applications dédiées au partage de biens. Certains objets sont utilisés très rarement et donc, chaque citoyen n’a pas besoin d’en posséder un. Savez-vous qu’une perceuse est utilisée en moyenne douze minutes pendant toute sa durée de vie? Il existe des outils en ligne qui permettent de louer ou d’emprunter ce type d’objet et bien d’autres.

Partage Club : Cette application vous permet d’effectuer des prêts entre voisins. En utilisant ce type d’outil, vous vous éloignez des pièges de la surconsommation en favorisant le réemploi. Cela permet de créer des liens sociaux entre citoyens tout en facilitant l’accès à plusieurs types d’objets sans devoir tous les acheter. Partage Club est vraiment pratique en ce sens qu’il favorise les déplacements pouvant s’effectuer à pied ou à vélo.

Les communs

« Les communs » désignent un ensemble de ressources, de biens, de services gérés collectivement par des groupes de citoyens. Selon Marie-Soleil L’allier, membre de la Chaire de recherche sur la transition écologique « Les communs s’inscrivent dans une logique d’échanges et d’entraide, sans passer par la propriété privée ou la gestion étatique centralisée »[2]. Les communs faciliteraient ainsi le partage de biens entre citoyens. Au Québec, les initiatives s’inscrivant dans la dynamique des communs se sont largement multipliées au cours des dernières années autant en milieu urbain, périurbain et rural[3]. Il s’agit d’initiatives orientées dans divers domaines comme les ateliers collaboratifs ou le partage d’espaces. C’est le cas du Bureau d’échanges communautaires de services (BECS) et du Bâtiment 7 à Montréal.

Locomotion : Il s’agit d’un projet de l’organisme Solon Collectif. Locomotion, un réseau de projets collectifs de quartiers qui propose de se déplacer autrement. Les membres du réseau ont la possibilité de se partager des autos, des vélos et des remorques à vélo. Cela permet de se détacher un peu de la culture de la voiture individuelle et de réduire le nombre d’autos sur la route.

Réutilisation

Lorsqu’un achat s’impose, par exemple lorsqu’il n’est pas possible de réparer ou d’emprunter, il est bien de privilégier la réutilisation comme l’achat en seconde main. Dans une société où nous sommes envahis par la publicité, nous pouvons être tentés par les nouvelles collections, la fast fashion, la fast déco et les dernières technologies. Il est toujours important de penser aux bienfaits de l’achat en seconde main sur l’environnement et sur nos finances. On peut trouver des articles presque neufs pour une fraction du prix qu’ils auraient coûté si on les avait achetés neufs. Les économies réalisées peuvent être investis dans des altérations pour assurer que les vêtements nous font parfaitement et qu’ils seront d’autant plus confortables. Fréquenter les friperies solidaires comme Renaissance vous permettra aussi d’avoir un impact social, car ce sont souvent des citoyens qui sont en réinsertion sociale qui y travaillent. Facebook Marketplace est devenu très populaire en termes d’achats de toute sorte de produits usagés entre particuliers. L’achat en seconde main est souvent plus intéressant dans le sens où on peut y trouver des objets qu’on ne trouve pas forcément ailleurs.

Les ressourceries sont aussi des structures vers lesquels on peut se retourner pour l’achat de plein d’articles comme les électroménagers, les meubles, les électroniques, les articles décoratifs, de quincaillerie, de sport, des antiquités, en plus des vêtements. Il s’agit d’organismes à but non lucratif qui récupèrent des produits usagés, les trient, les nettoient et parfois les réparent pour ensuite les revendre. Ainsi, les ressourceries détournent de nombreux articles des sites d’enfouissement et facilitent leur réutilisation en leur offrant une seconde vie.

Avec la surproduction, la plupart des marques proposent des produits de moins en moins durables. Les prix élevés ne sont pas toujours gage de bonne qualité. Face à cela, il est plus judicieux d’investir sur des produits qui ont traversé le temps mais qui restent toujours fonctionnels, comme les objets que l’on retrouve en seconde main.

Attention, la surconsommation existe aussi dans le marché de la seconde main. L’attractivité des prix pourrait inciter à des achats compulsifs, c’est pourquoi il est bon de se concentrer sur ses besoins réels.

Certains organismes cités comme La Remise ou La Patente offrent à la fois des ateliers de réparation, des prêts d’outils et bien d’autres services orientés vers la culture du partage.

L’idée n’est pas d’être parfait ou de se mettre une forte pression. Il suffit de poser des gestes simples en réfléchissant sur ce que nous considérons comme besoin et d’utiliser les bons outils pour mieux agir. Il serait aussi utile d’adhérer aux types d’organismes mentionnés pour se retrouver avec des personnes avec qui on partage les mêmes valeurs afin de bien s’orienter et de garder la motivation.

[1] Gazette Mauricie, «La déconsommation comme solution à l’endettement » , Le 8 janvier 2020.

[2] UQÀM, « Les « communs», un autre mode d’organisation sociale | ».

[3] Dumont, Falardeau, et Martin, « Recherches sociographiques, Les communs au Québec : initiatives collectives citoyennes et autogestion, d’hier à aujourd’hui ».