Alors que les grandes compagnies de télécommunication ont toutes présenté leurs nouveautés technologiques à venir, difficile de rester de marbre et de résister à l’idée de changer ce téléphone un peu lent ou cet ordinateur un peu moins performant. Et pourtant alors que chaque année, de plus en plus de déchets électroniques sont produits, il devient nécessaire de questionner nos choix. La faute de cette course effrénée à la technologie nous revient en partie par notre besoin de nouveauté et se conjugue avec l’obsolescence programmée. L’obsolescence programmée, c’est cette pratique qui consiste pour les industriels en la mise en place de stratégies visant à réduire la durée de vie d’un objet dès sa conception, obligeant l’utilisateur à le remplacer rapidement. Au Québec, la loi sur la protection du consommateur prévoit qu’« un bien qui fait l’objet d’un contrat doit être tel qu’il puisse servir à un usage normal pendant une durée raisonnable […] » et que des pièces de remplacement « […] doivent être disponibles pendant une durée raisonnable […] ». Mais le commerçant peut facilement se dédouaner de cette obligation en indiquant une clause selon laquelle il ne fournira pas le service. Pourtant ailleurs dans le monde, la pratique est strictement interdite. Pour lutter contre les grandes industries et aussi contre soi-même, Zéro Déchet Québec vous offre des conseils qu’il sera bon d’avoir en tête lorsque vous penserez à acquérir ce nouvel appareil qui vous fait de l’œil.

Chérir ses électroniques

La plupart des petits bobos de nos appareils sont causés par des chutes. Leur offrir un étui pour diminuer l’impact des chocs qu’ils connaîtront n’a donc rien d’un luxe. Des accessoires peuvent également être utilisés pour protéger de la surchauffe ordinateurs et consoles et ainsi prolonger leurs durées de vie. Autre enjeu fréquent dans l’usage de nos appareils électroniques : l’autonomie et la durée de vie de leurs batteries. Pourtant, tous les fabricants fournissent aujourd’hui des conseils pour maximiser la durée de fonctionnement de votre appareil et ainsi prolongez la vie de vos batteries. Que vous soyez amateurs de la marque à la pomme ou d’Android, consultez les informations mises à votre disposition concernant les soins à apporter à vos appareils, les méthodes de charge, et les réglages des options d’affichage.

Résister à l’obsolescence perçue

Remplacer, c’est le réflexe de nombreux consommateurs lorsqu’ils constatent de légers bris, un ralentissement, ou encore des baisses de performance de la batterie de leurs appareils électroniques. Et les cellulaires en sont le parfait exemple. Alors que leur durée de vie moyenne est de 4 ans, les cellulaires sont généralement remplacés après 18 mois d’utilisation bien qu’ils fonctionnent encore parfaitement ou qu’une réparation aurait été possible. Un phénomène qui s’explique par l’obsolescence perçue, aussi appelée obsolescence psychologique. L’effet de mode et l’attrait de la nouveauté, fortement soutenus par le marketing, nous conduisent à désirer un nouvel appareil dont nous n’avons pas réellement besoin. Or, il faut savoir que la fabrication, l’usage et le recyclage d’un téléphone intelligent nécessitent 70 kg de nouvelles matières premières, générant ainsi 68 % de GES durant sa fabrication et 8 % pour leur utilisation. Lutter contre l’obsolescence perçue engage donc entièrement notre responsabilité. À nous de ne plus baser nos choix sur des critères esthétiques faisant perdre de la valeur à des objets encore fonctionnels et à encourager la réparation.

Faire réparer

Maintenant qu’il est clair que faire réparer ne devrait pas être une option, mais un devoir, encore faut-il en avoir la possibilité. Évidemment, les fabricants ne font rien pour nous rendre la vie facile quand il est question d’ouvrir le ventre de nos appareils. Dans une entrevue radio, Martin Masse, fondateur du service de réparation Zone Accro et spécialiste de l’obsolescence programmée, explique qu’outre la présence de verrous mécaniques (vis spéciales rendant le démontage difficile, composants collés impossibles à retirer), ce qui complexifie encore plus les réparations aujourd’hui est la présence de verrous électroniques. C’est notamment le cas des iPhone 7 dont la fonction Touche ID « mariée » à la carte maîtresse est assurée d’être endommagée lors de l’ouverture du téléphone par exemple pour remplacer l’écran qui en serait brisé. D’autres appareils comme les imprimantes arrêtent tout simplement de fonctionner pour forcer le remplacement des cartouches d’encre bien qu’elles ne soient pas vides en réalité. Que faire alors pour réparer ? Demandez-vous d’abord si votre appareil est encore sous garantie. Si ce n’est plus le cas, deux options s’offrent à vous : tenter les réparations ou faire appel à un professionnel (fabricant du produit ou réparateur). Si vous choisissez la première option, assurez-vous d’avoir (ou mieux : d’emprunter !) les bons outils, de manipuler vos électroniques en toute sécurité, et de suivre un tutoriel ou un guide comme ceux rédigés par des réparateurs sur le site IFIXIT. Également, soyez à l’affût d’événements de réparation, tels que ceux organisés par Insertech et par Repair Café Montréal.

Favoriser le réemploi

Si les performances de votre appareil électronique ne répondent plus à vos besoins, peut-être peuvent-ils servir à d’autres personnes ! Plusieurs produits électroniques peuvent être donnés ou revendus sans danger : téléviseur non intelligent, périphériques d’ordinateur (souris, écran, imprimante, clavier), systèmes de son, etc. Pour les appareils qui contiennent un disque dur et, donc, des informations personnelles (consoles de jeu vidéo, ordinateurs, téléphones intelligents, tablettes électroniques, téléviseurs intelligents), assurez-vous de bien effacer vos informations personnelles et, idéalement, faites appel à un expert !

Récupérer ses appareils

53.6 millions de tonnes ! C’est le nombre de déchets électroniques produits dans le monde pour la seule année 2019, dont 11 millions de déchets informatiques et de communication selon un récent rapport (en anglais) produit par l’ONU. Un triste record notamment parce que sur ces 53,6 millions de tonnes de déchets, seulement 17,4 % ont pu être collectés et recyclés de manière sécuritaire. Car pour ceux qui l’ignoreraient encore, tous ces appareils non récupérés contiennent des substances et des métaux lourds non renouvelables, dangereux et toxiques (plomb, mercure, cadmium, etc.) qui une fois enfouis, participent à la contamination des sols et des nappes phréatiques avec des répercussions graves pour l’homme. Alors qu’environ 50 tonnes de mercure provenant de déchets électroniques sont rejetées dans la nature chaque année, il devient de plus en plus urgent d’endiguer ce problème qui se transforme à vue d’œil en véritable désastre écologique doublé d’un problème de santé publique. Il existe au Québec de nombreux points de dépôt officiels pour disposer de vos appareils électroniques. Évitez de faire appel à des recycleurs non autorisés, car ils n’offrent pas forcément la garantie que vos appareils seront recyclés de façon écologique et sécuritaire pour vos données personnelles, comme le souligne Québec Science.

Réduire sa pollution numérique

Saviez-vous que le simple fait d’effectuer une recherche sur Google équivaut à 10g de CO2 ? Ou encore qu’en 2019, « le visionnement de vidéos en ligne a généré l’équivalent des émissions de CO2 de l’Espagne ? Et ces chiffres hallucinants ne baisseront sûrement pas cette année. Que faire alors pour réduire ? Nous savons tous que pour limiter notre pollution numérique, nous pouvons commencer par faire le ménage de nos courriels et de nos documents et photos sur le Cloud. Mais pour diminuer d’autant plus l’émission de GES rien de mieux que de pouvoir comprendre l’impact de notre navigation. Grâce à l’outil Carbonalyser, une extension de Firefox, il est désormais possible d’analyser le temps que vous passez sur le net, de mesurer les data utilisées et finalement le CO2 produit. Après analyse de votre consommation, posez des actions pour réduire par exemple en diminuant la résolution des vidéos que vous visionnez, en réduisant votre temps passé sur Facebook, ou encore en ne cherchant que les objets dont vous avez vraiment besoin lorsque vous commandez en ligne.