C’est faux d’affirmer que la consigne vise à récolter de l’argent chez les consommateurs comme le ferait toute autre taxe. Au Québec, lorsqu’on achète un contenant consigné, on paye un dépôt de 10 sous qui est ajouté au coût du produit au moment de payer. Avec la première phase d’élargissement de la consigne en 2023, une consigne s’applique maintenant à tous les contenants de boisson en aluminium de 100 ml à 2 L. De plus, depuis le 1er mars 2025, la consigne s’applique également à tous les contenants de boissons de plastique de même format. Une dernière phase d’élargissement est prévue pour 2027; ce seront alors les contenants de verre et les multicouches qui seront pris en charge par le système de consigne.
À l’inverse d’une taxe, l’argent perçu au moment du dépôt de la consigne est redonné au consommateur dans son intégralité lorsque ce dernier ramène le contenant consigné dans un point de dépôt autorisé. Au niveau individuel, la consigne est donc une mesure à coût nul qui vise plus à encourager un comportement (celui de rapporter les contenants) qu’à générer des revenus. D’ailleurs, à l’aide de la consigne, on ne peut « extraire de l’argent » que d’un type de consommateur : celui qui ne ramène pas son contenant consigné dans un lieu de dépôt.

Même s’il est clair que la consigne ne génère pas de revenu au niveau individuel pour le gestionnaire du système, qu’en est-il d’un point de vue collectif? Quand on s’intéresse à une plus grande échelle, la situation se complexifie quelque peu. En effet, historiquement, le système de consigne au Québec a généré des surplus financiers en raison d’une certaine proportion de gens qui ne ramènent pas leurs contenants consignés, ce qui fait qu’ils ne récupèrent pas leur dépôt. Il faut toutefois relativiser ce constat de deux manières.
D’une part, il faut considérer que la mise en place et l’administration du système de consigne coûte un certain montant. C’est d’autant plus le cas avec la modernisation de la consigne puisque Consignaction (le gestionnaire actuel du système de consigne) doit payer pour la mise en place et l’entretien de lieux de retour spécialisés.

D’autre part, le gestionnaire du système de consigne doit atteindre certaines cibles au niveau des taux de retour des contenants. Cela signifie que, au fil du temps, de moins en moins de surplus financiers seront dégagés du système. Au-delà d’un certain seuil, le système de consigne deviendra même déficitaire. C’est donc réaffirmer que son objectif est de favoriser un type de comportement et non de dégager un profit.