C’est faux!

Soyons clairs, composter est un excellent geste et il faut continuer (ou commencer!) à le faire. Toutefois, malgré ces impacts positifs, le compostage n’est pas une forme de réduction à la source, mais plutôt de réduction à l’élimination. Pour bien comprendre, ce que cette correction implique, un bref détour du côté de la sémantique est inévitable. D’apparence inutile, les distinctions que cette nuance de termes peut apporter sont utiles pour bien comprendre la pertinence environnementale des gestes que nous posons au quotidien.

Quelle est donc la distinction entre la réduction à la source et la réduction à l’élimination? La réduction à l’élimination désigne tous les gestes et les activités qui évitent d’envoyer des matières résiduelles à l’enfouissement ou à l’incinération. C’est, entre autres, le cas du recyclage et du compostage. La réduction à l’élimination s’applique donc à des matières qui ont été jetées par leur propriétaire, mais qu’on arrive à détourner du pire sort qui pourrait les attendre.

La réduction à la source, de son côté, fait plutôt référence à toutes les actions qui permettent d’éviter de créer un déchet en premier lieu. Cette réduction peut passer par une foule de petits et de grands gestes, comme la réduction de sa consommation, la consommation de produits sans emballages, la réparation d’objets et plus encore.

Mais, au bout du compte, qu’est-ce que ça change, réduction à la source ou à l’élimination?

Règle générale, on va favoriser la réduction à la source à la réduction à l’élimination, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, puisque la réduction à la source évite de créer un déchet, elle représente nécessairement une forme de réduction à l’élimination; on ne peut pas éliminer un déchet qui n’existe pas. À l’inverse, la réduction à l’élimination ne permet pas nécessairement de réduire à la source et n’a donc pas tous les avantages qui y sont associés.

Deuxièmement, la réduction à la source permet d’éviter plusieurs des inconvénients qui sont associés à la gestion des matières résiduelles, que ces dernières soient vouées ou non à l’élimination. On pensera notamment au transport polluant des milliers de tonnes de matières vouées au recyclage ou au compostage ou encore à l’énergie nécessaire pour recycler des biens.

Encore une fois, la conclusion à tirer ici n’est pas que le compostage est une mauvaise chose; au contraire, les gestes de réduction à l’élimination restent utiles et permettent d’éviter de remplir les centres d’enfouissement au rythme effréné que nous leur imposons actuellement. Toutefois, le fait de viser la réduction à la source plutôt que la réduction à l’élimination nous pousse à avoir des objectifs plus ambitieux d’un point de vue environnemental. En gardant le cas du compostage, on peut optimiser nos gestes en cherchant aussi à mettre moins de matières organiques dans nos bacs. Cela ne doit évidemment pas se faire en mettant plus d’aliments dans la poubelle, mais, par exemple, en mettant en place des habitudes qui permettent de limiter le gaspillage alimentaire.

Source: J’aime manger pas gaspiller