C’est faux! L’espacement des collectes n’entraîne pas d’enjeux de salubrité. Toutefois, il peut accentuer des problèmes qui relèvent plutôt de mauvaises habitudes de gestion des déchets des citoyens. Pour que l’espacement des collectes se fasse en douceur, il faut que chacun développe des bonnes habitudes de tri de ses matières résiduelles.
On a pu voir, au cours des derniers mois, la manifestation d’un certain degré d’opposition face à l’espacement des collectes des déchets dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Certains citoyens se sont notamment plaint du fait qu’une collecte des poubelles moins fréquente serait la source d’accumulation de résidus sur les trottoirs et dans les rues, ce qui entraînerait des odeurs et des problèmes de salubrité. Bien qu’il est vrai qu’on ait pu déceler des problématiques d’accumulation des ordures dans certains secteurs durant l’été 2024, il faut faire preuve de nuance lorsqu’on s’intéresse aux conséquences de l’espacement des collectes.
Il est d’abord important de rappeler que la collecte des déchets à toutes les semaines n’est pas une pratique omniprésente à l’échelle de la province. En effet, une partie importante des québécois voient actuellement leurs poubelles être collectées toutes les deux semaines. C’est vrai pour plusieurs communautés rurales, mais ce l’est également pour certains milieux urbains comme l’arrondissement de Ville Saint-Laurent à Montréal. Dans ce contexte, de nouvelles initiatives d’espacement des collectes n’ont rien d’inédit, même si la plupart des grands centres offrent toujours la collecte hebdomadaire.
Au-delà de la comparaison géographique, il est également essentiel de saisir la situation provinciale dans laquelle l’espacement des collectes est proposé. Le gouvernement du Québec s’est doté de l’objectif d’offrir la collecte des matières organiques à l’ensemble des ménages du territoire à compter de 2025. Dans ce contexte, même si la réduction de la fréquence de collecte des déchets peut paraître comme une réduction de l’offre de services au citoyens, il s’agit en fait plutôt d’une modification des services offerts; la récupération des matières recyclables se fait à la même fréquence et la collecte du bac brun vient combler la diminution de la collecte des déchets.
Pourquoi opter pour cette transition dans l’offre des services aux citoyens? Cette modification vise d’abord et avant tout à favoriser un meilleur tri à la source des matières résiduelles générées par les ménages. En réduisant l’importance accordée à la poubelle, on veut inciter des citoyens qui, jusqu’alors, boudaient le bac de récupération et le bac brun à y avoir recours. En dépit des nombreux efforts de sensibilisation par les municipalités, trop de matières qui pourraient être compostées ou recyclées se retrouvent encore dans nos sites d’enfouissement. Dans ce contexte, l’espacement des collectes vise à soutenir et à renforcer les efforts d’information et d’éducation qui ont été déployés jusqu’à présent en rendant l’approche du “tout à la poubelle” moins attractive. C’est d’ailleurs les résultats que l’on peut dégager de l’expérience de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve; dans les mois qui ont suivi l’espacement des collectes des ordures ménagères, l’adhésion à la collecte des matières compostables a augmenté, le tout sans que la qualité du tri ne soit affectée.
Si on accepte que l’espacement des collectes ne représente pas nécessairement une simple diminution des services à la population, on peut tout de même avoir des craintes face à la propreté ou aux odeurs générées par la présence d’ordures. Il faut d’abord préciser que ce sont surtout les matières organiques qui peuvent générer des nuisances lorsqu’elles sont mises à la poubelle. Dans la vaste majorité des cas, une poubelle remplie de matières bien triées devrait générer très peu d’odeurs. Certains cas plus précis peuvent toutefois poser du fil à retordre. Prenons-en quelques-uns pour analyser les solutions possibles.
Un premier coupable à considérer peut être certains emballages de viande. Il faut éviter de mettre une matière recyclable souillée dans le bac de récupération. Ainsi, les composantes d’un emballage qui aurait été salies par un liquide ou une matière organique et qu’on n’arrive pas à laver devrait plutôt être mis à la poubelle. Pour minimiser les odeurs avant de les mettre au chemin, on peut d’abord rincer rapidement les emballages avant de les mettre dans un petit sac qu’on laisse au congélateur.
Les couches jetables qui s’accumulent peuvent aussi présenter un risque d’odeur pour les personnes qui les utilisent. Deux options s’offrent alors. Si c’est envisageable pour les parents, il est possible d’opter pour des couches lavables. Si on souhaite continuer à prendre des couches jetables, il est possible d’utiliser des poubelles à couche qui minimisent les odeurs en étant plus hermétiques qu’une poubelle ordinaire. Il est alors plus facile de garder les couches jetables à l’intérieur entre les collectes. Pour ceux qui ont des animaux de compagnie, des variations de cette dernière option existent pour entreposer la litière pour chat usée.
Si certains sont inquiets des odeurs, d’autres peuvent l’être en raison de contraintes d’espace. Comme pour les odeurs, le fait d’effectuer un bon tri à la source va avoir un impact important pour diminuer l’accumulation des matières résiduelles. Encore aujourd’hui, la plupart des matières qui sont mises à la poubelle par les Québécois auraient plutôt dû être compostées ou recyclées.
En assumant qu’on trie bien ses matières, la meilleure façon d’avoir moins de déchets à sortir de son foyer est de moins en y faire entrer. Si en analysant le contenu de votre poubelle, vous réalisez qu’elle est accaparée par un type de bien en particulier, peut-être qu’il s’agit d’un signe qu’il est temps de modifier ses habitudes d’achat dans ce domaine. Par exemple, si on jette fréquemment des vêtements usés, il peut être intéressant de donner les vêtements qui sont encore en bon état et de commencer à miser sur l’achat de pièces de meilleure qualité à l’avenir.
Pour terminer, il est vrai que des déchets mal gérés peuvent s’accumuler et causer des problèmes d’odeur ou de salubrité si on espace les collectes des ordures et que les citoyens ne changent pas leurs habitudes. Toutefois, en triant bien ses déchets, on peut réduire de manière significative à la fois la quantité de déchets mis à la poubelle, mais aussi les nuisances que ces mêmes déchets peuvent occasionner.