Faire des achats en ligne est désormais plus accessible que jamais pour les consommateurs. En effet, plusieurs compagnies ont même une application depuis laquelle on peut acheter directement. En deux ou trois clics, on peut s’assurer de recevoir un paquet à notre porte dans les 24h-48h, même si les articles proviennent d’une compagnie basée en Chine. Cette pratique est devenue anodine pour plusieurs d’entre nous, entre autres grâce à la rapidité avec laquelle on peut retourner un item qui ne nous conviendrait pas, soit au bout de quelques clics, aussi facilement qu’on l’avait commandé. C’est grâce à cette facilité à acheter et à retourner les items que les achats sont faits de façon de moins en moins réfléchie. En effet, pourquoi se questionner sur nos réels besoins, si ces achats sont si faciles et si peu chers? Parce que même si nous avons les « moyens » (financiers) de presque tout acheter, nous n’avons tout simplement pas les moyens sociaux et environnementaux de le faire.
Les achats sur Internet des ménages québécois ont bondi de 52,4 % en 2020 par rapport à 2018[1]. Le phénomène est donc beaucoup plus présent qu’il ne l’était avant la pandémie. Alors que de nombreux commerces et services non-essentiels ont dû fermer et que nous souhaitions éviter la contagion, il est devenu normal de se tourner vers la livraison à domicile durant cette période. Si cette nouvelle habitude aurait dû être une mesure temporaire, il semblerait plutôt que cette façon de consommer a été adoptée et soit toujours privilégiée par une majorité d’entre nous, puisque les achats en ligne sont toujours très populaires bien après la fin du pic de la pandémie[2].
L’impact réel des achats en ligne
Si l’on arrive à acheter si facilement en ligne, c’est parce que l’on a accès à des objets et vêtements fabriqués dans des pays où le salaire minimum n’est pas aussi élevé que celui qui est offert chez nous, et où les conditions de travail ne sont pas celles auxquelles nous avons droit. Il est possible d’acheter des dizaines de chandails à un prix moindre qu’un seul vêtement confectionné au Québec. Or, on ne réalise pas que la qualité du morceau payé 5.99$ ne sera pas suffisante pour résister au premier lavage à la laveuse (et on ne pense même pas à la sécheuse!). Les vêtements issus de la fast fashion sont produits tellement rapidement que les fabricants doivent tourner les coins ronds sur certaines procédures, comme négliger de placer le tissu dans le sens du droit fil afin qu’il ne se déforme pas en le portant. Ces vêtements sont en apparence de qualité sur les photos mises de l’avant sur les sites web, puisque les publicités sont parfois trompeuses. En effet, les photos utilisées ne sont pas toujours représentatives des produits vendus. On voit parfois sur les réseaux sociaux des vidéos du genre « Ce que j’ai commandé vs ce que j’ai reçu » [3] montrant que le produit reçu ne correspond pas du tout à celui qui était montré sur le site web lors de l’achat.[4] Avez-vous déjà reçu une veste en coton ouaté, après avoir commandé un manteau d’hiver qui était affiché sur un site web? Ou encore, avoir cru acheter en ligne une veste en laine et avez plutôt reçu une veste de tissu polyester arborant un imprimé de tricot?[5] Il est possible que la photo que vous avez vue représente un produit fabriqué par un.e designer et ayant un prix plus élevé, qui a été copié par la compagnie à qui vous l’avez en fait acheté[6].
En plus de léser sur la qualité dans la confection du produit, l’industrie de la mode utilise souvent des teintures et produits chimiques toxiques pour fabriquer ces vêtements à bas prix[7]. Ces teintures polluent non seulement l’eau utilisée lors du processus de fabrication, mais elles contiennent aussi des substances nocives pour la santé. Les eaux usées des usines textiles, riches en produits chimiques, se retrouvent parfois directement dans les cours d’eau locaux, faute d’infrastructure adéquate pour filtrer les rejets. Ces pratiques polluantes sont rarement mises en avant, mais elles font partie intégrante de la production de vêtements issus de la fast fashion.
Lorsque l’on voit des publicités de vêtements très peu chers sur les réseaux sociaux, provenant de compagnies dont on n’a jamais entendu parler, il est toujours bon de se rappeler dans quelles conditions ils sont fabriqués. Il sera mieux de passer son tour et de ne pas cliquer sur le lien afin d’éviter de contribuer à créer encore plus de déchets!
Trucs pour réduire les tentations d’achats en ligne :
En cherchant un objet dont on aurait besoin ou envie, on peut essayer, avant d’aller dans une boutique ou faire un achat en ligne, de trouver un objet similaire dans notre maison, qui pourrait remplir la même fonction. Ce sera un peu comme faire une chasse aux aubaines dans les magasins, mais ce sera complètement gratuit! C’est une façon ludique de réduire vos déchets!
Par exemple, si vous finissez votre rouleau de pellicule plastique pour couvrir les plats, essayez de trouver des façons de remplir la fonction de la pellicule en utilisant d’autres objets. Vous pouvez entre autres transférer vos restes dans un plat hermétique pour les conserver au réfrigérateur au lieu d’utiliser la pellicule de plastique à usage unique. Vous pouvez aussi tout simplement recouvrir votre plat d’un bol ou d’une assiette pour le conserver.
Lorsque vous finissez un produit nettoyant tout usage en vaporisateur, vous pouvez rincer la bouteille et la remplir d’une part égale de vinaigre et d’eau en y ajoutant quelques gouttes d’huile essentielle. Vous pouvez même y infuser préalablement des pelures d’agrume pour le parfumer, en utilisant un pot avec un couvercle suffisamment grand pour retirer les pelures avant de le verser le mélange infusé, sans les pelures, dans le vaporisateur.
Prendre conscience de nos habitudes d’achat
On ne peut évidemment pas tout remplacer par des produits faits maison ou par d’autres items que l’on a déjà chez soi. Mais on peut prendre conscience de la façon dont on fait nos achats: de façon réfléchie, sur un coup de tête, ou un coup de cœur. De cette façon, on peut plus facilement s’assurer de consommer seulement ce dont on a besoin, et de s’arrêter un peu avant de cliquer, pour se demander si ce que l’on s’apprête à faire livrer chez nous va vraiment nous servir, ou simplement devenir rapidement un déchet.
[1]Radio-Canada : La pandémie a propulsé les dépenses en ligne des Québécois en 2020
[2] Les affaires: Le boom du commerce en ligne est-il fini?
[3] Bored Panda: What I ordered vs what I got
[4] Tik Tok: What I ordered vs what I got
[5] Ce sont des exemples qui nous sont arrivés!
[6] BuzzFeed: Fast Fashion Knockoffs
[7] Fashion Revolution: The true cost of colour: The impact of textile dyes on water systems