Éco consommateur.rice

Cette journée thématique est présentée par RECYC-QUÉBEC

La surconsommation : notre raison d’être

Aujourd’hui, nous abordons le thème de la consommation. Pour la Semaine de réduction des déchets (SQRD), il s’agit sans doute du sujet qui nous touche le plus directement. Sans consommation, on n’exploite pas les ressources et on ne produit pas de déchets : la SQRD n’aurait aucune raison d’être !

La consommation touche absolument tous les aspects de notre vie : manger, dormir, travailler, chauffer la maison, prendre sa douche… nous consommons matières, électricité et eau à tout moment. Voilà peut-être ce qui différencie l’humain des autres animaux : nous sommes les seuls vivants à devoir exploiter les ressources de la planète pour vivre. Toutefois, il n’en a pas toujours été ainsi. Comment, donc, se rapprocher de notre état naturel, mais sans sacrifier la sécurité que nous ont apporté des milliers d’années d’innovation ? C’est la question que se posent l’Éco consommatrice et l’Éco consommateur.

La réponse est très complexe et, pour la décortiquer, interrogeons-nous ensemble :

  • D’où vient la surconsommation ?

  • Est-ce qu’on surconsomme vraiment ?

  • « Acheter, c’est voter » : est-ce que c’est vrai ?

  • Équitable, biologique, local, végétarien, fait maison, recyclé, en vrac… qu’est-ce qui est le mieux ?

  • Mes choix individuels ont-ils vraiment un impact ?

  • Est-ce qu’un renversement de la société est nécessaire ?

La surconsommation : l’évolution logique de l’humain ?

Nous disions précédemment que l’exploitation des ressources distingue l’Humain des autres vivants. C’est vrai, mais est-ce l’origine de notre surconsommation ? En fait, tout découle de la capacité de l’humain à innover. Comme vous le lirez dans notre article sur l’Éco entrepreneur et l’Éco commerçant, l’innovation a su répondre à nos besoins primaires : elle est synonyme de sécurité et c’est pourquoi la société humaine s’est développée autour d’elle. Au fur et à mesure que nos besoins et notre sécurité ont été comblés, l’innovation a commencé à servir autres choses que des besoins. Maintenant, elle sert notamment l’économie, la mode et même l’obsolescence programmée.

Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ?

L’obsolescence programmée réfère à toutes les pratiques qui favorisent (volontairement ou non) le remplacement rapide des biens de consommation. Par exemple :

  • Les mises à jour informatiques qui rendent inutilisables certains appareils qui ne sont plus assez puissants ;

  • La mode qui, par définition, cause le « démodage » de certains vêtements ;

  • Les objets conçus de façon à être difficiles ou coûteux à réparer ;

  • L’absence de pièces de rechange ;

  • La création de « dates de péremption » sur des produits qui n’en ont pas besoin.

L’innovation est donc parfois utilisée à des fins bien négatives à des fins économiques ! Oui, des ingénieurs et chercheurs sont même engagés pour limiter la durée de vie de certains produits ! Voyez cette vidéo passionnante pour mieux comprendre l’enjeu.

Après des milliers d’années d’innovation, elle est maintenant indissociable de l’humain. Comment, maintenant, devons-nous la réguler pour limiter notre surconsommation ? D’abord, en légiférant en matière d’obsolescence programmée. Comme l’a fait la France, nous pourrions légiférer pour favoriser une certaine durée de vie minimale des produits, et pour faciliter l’accès à la réparation. D’ailleurs, un projet de loi a été déposé au Québec en ce sens !

Est-ce que nous surconsommons vraiment ?

La réponse est plate : oui, sans peut-être le vouloir, la plupart d’entre nous surconsomment ! Toutefois, ce n’est pas nécessairement de notre faute : le simple fait de vouloir manger nous oblige à encourager le suremballage ; même constat pour notre hygiène ! Dans les magasins, on nous propose des milliers de produits à des prix ridiculement bas. En matière de mode, on nous sort plusieurs nouvelles collections chaque année et on nous laisse croire que nous devons les adopter pour nous sentir belles et beaux. Nous vivons dans un monde où même les produits de luxe sont abordables. Le tout, sans parler de notre surconsommation d’eau et d’électricité !

Depuis quelques années, nous apprenons que nous devons nous battre pour consommer de façon responsable. On nous dit que la norme, en termes de consommation, est dommageable pour l’environnement, que les pratiques commerciales dominantes ne favorisent pas une consommation durable. On apprend que le fardeau de la consommation responsable nous revient : en tant que consommateurs, nous devons faire l’effort de comprendre pourquoi nos achats ne sont pas durables, et changer nos habitudes pour améliorer notre empreinte écologique.

Avec tous ces constats, on comprend très bien pourquoi les gens peinent à mieux consommer, ou même à vouloir mieux consommer ! L’exercice de vouloir consommer plus intelligemment semble tout simplement trop laborieux. Comment, donc, réussir cette transition ?

Pourquoi je consomme : est-ce que j’en ai besoin ?

Pierre-Yves McSween a popularisé cette expression. Si elle se voulait d’abord économique, elle est aussi très environnementale. On consomme pour plusieurs raisons : par besoin, par envie, par paresse, par recherche de bonheur, par habitude, etc.

Avant d’acheter, l’Éco consommateur se pose la question : pourquoi est-ce que je veux acheter ça ? Si c’est pour répondre à un besoin, il se demande alors : est-ce que ce que j’achète répond bien à mon besoin, et à mon besoin uniquement ? Si oui, alors l’Éco consommateur achète. Sinon, c’est clair pour lui : c’est de la surconsommation. Le choix d’acheter on non est ensuite le sien. Ce n’est pas une mauvaise chose d’acheter par envie ou par paresse, mais parfois, l’Éco consommateur choisit de refuser d’acheter, pour l’environnement.

Quels sont les meilleurs gestes à poser pour bien consommer ?

On nous propose de part et d’autre plein de solutions pour mieux consommer : équitable, biologique, local, végétarien, fait maison, recyclé, en vrac, durable… qu’est-ce qui est le mieux ?

Malheureusement, c’est très difficile à dire. Les paramètres sont trop nombreux. Chaque élément a toutefois sa raison d’être et peut être une étape de plus vers une consommation responsable ! À vous devoir ce qui vous intéresse le plus parmi ces choix !

  • Biologique : L’agriculture biologique favorise une meilleure utilisation des sols et des ressources. Les pesticides et engrais de synthèse y sont interdits, tous comme les OGM, les hormones, les antibiotiques et certains autres produits. En choisissant des produits biologiques, vous limitez la quantité de produits chimiques de synthèse déversés dans les sols, l’eau et l’air. Attention, certains agriculteurs ont de pratiques tout aussi respectueuses de l’environnement, sans être certifiés biologiques ;

  • Local : En choisissant des produits locaux, vous limitez le transport et donc les émissions de GES. Attention : un produit peut être «québécois», mais utiliser des produits importés ! Un mélange du randonneur qui contient des amandes, des cachous et du chocolat n’a rien de québécois ! De plus, la définition de « local » est importante. Certains considèrent que le vin de Colombie-Britannique est local. Pourtant, son transport en camion jusqu’au Québec émet plus de GES que le transport du vin européen par bateau;

  • Végétarien : En mangeant végétarien ou végétalien, vous diminuez la production de gaz à effet de serre liée à l’exploitation animale. Vous diminuez également la culture de céréales nécessaire à l’alimentation animale. Ceci étant dit, chaque animal n’a pas le même impact : l’empreinte écologique du bœuf est nettement plus élevée que celle du poulet ou du porc ! Faites le quiz de notre Éco Mag pour en apprendre plus !

  • Fait maison : en faisant des produits maison, on a souvent l’impression d’être plus écologique. En effet, on a un meilleur contrôle de ce qui entre dans nos concoctions. Mais dans certains cas, on peut se tromper. Par exemple, qu’est-ce qui est mieux ? Une boulangerie qui cuit plusieurs pains dans son four, ou chaque ménage qui cuisant son pain dans son four individuel ? La question se pose, mais difficile de trouver la réponse !

  • Recyclé (et recyclable) : En choisissant des produits recyclés et recyclables, vous limitez le besoin en nouvelles ressources. Attention, ce ne sont pas tous les produits recyclables qui sont réellement recyclés !

  • Réutilisable : En choisissant le réutilisable, on limite à nouveau l’exploitation de ressources et la production des déchets. Il faut toutefois se poser la question : est-il vraiment écologique de s’acheter une paille de métal pour l’utiliser une dizaine de fois ?

  • En vrac : L’achat en vrac diminue la production d’emballages. Plusieurs commerces de vrac proposent également des produits biologiques à des prix parfois moins élevés que lorsqu’ils sont emballés;

  • Équitable : En favorisant la sécurité physique, psychologique et financière des travailleurs, les entreprises certifiées équitables utilisent parfois moins de produits nocifs dans leurs produits, diminuant du même coup leur empreinte écologique.


La réduction :

À la lecture de la liste précédente, vous comprenez qu’il devient compliqué de consommer de façon responsable : on s’y perd. Par contre, le simple fait de se questionner sur les produits que vous achetez aura un impact important. En vous questionnant et en faisant preuve d’un minimum de curiosité, vous apprendrez petit à petit à faire les meilleurs choix. Le meilleur choix reste toutefois celui de la réduction. Le produit le plus écologique est celui qui n’est pas produit ! L’achat en vrac, le végétarisme, le réutilisable, la réparation, l’échange : voilà certaines pratiques qui favorisent la réduction !

Acheter, c’est voter : est-ce que c’est vrai ?

On a tous déjà entendu cette affirmation, mais est-ce vrai ? Absolument ! Les entreprises sont à l’écoute des consommateurs. Voyez la place que prennent maintenant les alternatives végétariennes dans les restaurants rapides. Ce n’est pas le fruit du hasard, mais bien de la demande grandissante pour ces produits, et de la peur de perdre des clients.

On peut se demander avec raison si nos petits gestes peuvent avoir un impact. Mais lorsque vous faites un choix, posez-vous la question : et si 8 milliards d’humains font le même choix, quel sera l’impact sur l’environnement ? Voici quelques idées :

  • Et si 8 milliards d’humains décidaient de refuser une paille au restaurant cette semaine ?

  • Et si 8 milliards d’humains achetaient une paire de jeans de moins cette année ?

  • Et si 8 milliards d’humains décidaient de faire un voyage de moins en avion cette année ?

Et si 8 milliards d’humains se disaient que leurs gestes individuels ne sont pas importants ?

Est-ce qu’un changement complet de notre société est nécessaire ?

Plusieurs aspects de notre société favorisent déjà des éléments de consommation responsable. Il ne s’agit donc pas de bouleverser complètement nos façons de vivre, mais bien de s’inspirer de ces succès. Par exemple, l’Éco consommateur aimerait voir davantage de pratiques telles que :

  • L’économie de partage et la location : pour plusieurs, il est impensable de partager certains objets. Pourtant, le partage et la location font partie de nos vies depuis toujours. Encore aujourd’hui, ce sont des pratiques très répandues : nous partageons les infrastructures routières, les lieux de travail, les terrains de soccer, les glaces d’arénas, les camions de déménagement. Certains partagent même leurs chalets ou leur logement sur des plateformes comme Airbnb ! Pourquoi donc hésitons-nous à partager nos voitures, nos outils, notre piscine ? Nous avons de la difficulté à le concevoir aujourd’hui et pourtant, ça pourrait être chose courante dans un futur pas si lointain ! Il existe déjà des plateformes de partage de voiture, d’outils et même de piscine !

  • La revente et les dons : les ventes de garage, les plateformes de vente en ligne comme Kijiji et Marketplace, le don dans les friperies : voilà plusieurs gestes bien implantés dans la vie de plusieurs personnes !

Oui, l’écoconsommateur est la personnalité de l’Éco sapiens qui a l’impact le plus évident sur la réduction. Mais peut-il le faire seul ? Dans les prochaines journées, voyez comment les autres personnalités de l’Éco sapiens peuvent faciliter la vie de l’Éco consommateur !